Lettre au Préfet de Police
Que les fonctionnaires de police fassent leur travail, quoi de plus légitime ? Mais lorsque leur zèle va jusqu’à nier les évidences, c’est pour moi une faute .
Ce matin, vendredi 6 mars, alors que je m’apprêtais à quitter Paris pour quelques jours, je suis allé chercher mon automobile dans sa place habituelle de parking – dont je suis propriétaire. Pour charger le coffre de ma voiture, j’ai garé celle-ci, pour quelques minutes, au pied de mon immeuble, sur une place de livraison assez vaste, qui était libre et qui pouvait accepter encore un véhicule. J’ai pris soin d’apposer sur mon pare-brise une affichette manuscrite indiquant que j’étais en train de charger ma voiture. Lorsque je suis redescendu, quelques minutes plus tard, une fonctionnaire de police était déjà en pleine rédaction d’un procès-verbal. J’ ai fait remarquer à la fonctionnaire que je venais de laisser mon véhicule à cet endroit pour le charger et que j’avais indiqué cette courte opération par un mot qu’elle ne pouvait manquer de voir.
Rien n’y fit, elle poursuivit sa rédaction et avant de partir déposa son PV sous mon essuie-glaces. Ce PV , et voilà ce qui me choque le plus, portait, outre les indications ordinaires, manuscrite, la double indication : « pas de manutention » ( alors que j’arrivais avec mes bagages que je posais sur le trottoir aux pieds de l’agent ) et « pas de disque » ( alors que j’avais placé un mot inscrit sur une feuille et que je croyais l’usage du disque bleu totalement abandonné ). Ainsi de toute façon ce qu’a écrit l’agent est manifestement, grossièrement faux. Il ne me restait plus qu’à m’acquitter de l’amende infligée.
Que d’histoires pour si peu ! Cette affaire, pourriez-vous me rétorquer, est tellement minime. Je n’avais qu’à me garer ailleurs que sur une place de livraison. Et je n’ai qu’à adresser un chèque de 35 euros pour payer ma faute. Pourquoi donc ameuter ainsi de si hauts responsables dans un cas aussi banal ? Voilà ma réponse : Parce que j’estime qu’en l’occurrence l’agent a commis un faux en écriture publique et a abusé de sa fonction. Et que le moindre abus en ce sens doit être réprimé. De minimis curat praetor ! avait l’habitude de dire le ministre dont j’ai eu l’honneur d’être un des conseillers techniques. Le chef doit s’intéresser aux détails. Oui, car le diable est précisément dans le détail et il faut l’y débusquer.
Je suis d’autant plus étonné de la sévérité de ces agents verbalisateurs qui dépendent de la Préfecture de Police de Paris, et frappé par cette grave atteinte au droit des personnes à mon égard que, juste en face de chez moi, je puis voir, depuis des années, oui, depuis des années, un véhicule, genre camionnette, scotché, si j’ose dire, toujours à la même place, une place aménagée. Ce véhicule occupe indûment - non pas pour quelques minutes, mais depuis une cinquantaine de mois - une place de stationnement temporaire qui devrait se libérer pour laisser cet espace à d’autres. Or, il n’en est rien. Les agents passent, verbalisent parfois et accrochent leur PV à l’essuie-glaces. Le PV disparaît vite. Le camion reste. Jamais je ne l’ai vu ôter par des services de fourrière tellement actifs par ailleurs. Doit-il y avoir ainsi deux poids, deux mesures ? Le citoyen que je suis vous est en droit de demander quelques explications.
L’arbitraire fait mauvais ménage avec la démocratie. Si des agents de la police se comportent d’une façon illégitime, il est normal qu’ils soient rappelés à l’ordre par leur supérieur. L’inverse conduit naturellement à un divorce - celui que l’on constate actuellement- entre la population et sa police. Cette police qui devrait être au service de l’État, c’est-à-dire des citoyens et non pas se conduire comme une force aveugle et sourde sans loi ni raison.
Je vais évidemment régler mon amende comme il est demandé de le faire avant de protester. Mais cela me donne un droit. Je puis désormais contester. D’où ma missive. Et je vous demande donc formellement, Monsieur le Préfet de Police, de me faire savoir quelles suites vous entendez donner à ce courrier.
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samedi 7 mars 2009
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