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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

samedi 28 août 2010

Au rendez-vous des estampes japonaises...





C’est sans doute la plus fantastique des ventes d’estampes d’Extrème-Orient organisées depuis des lustres dans le monde. En tout cas, c’est certain, l’une des plus belles qui aient jamais eu lieu ( avec les dispersions de novembre 2002 et 2003 provenant, déjà de la collection d’Huguette Berès ). L’ensemble qui sera mis en vente à Drout-Montaigne à Paris du 17 au 19 septembre 2010 par Pierre Bergé et Associés provient d’abord de la collection personnelle de la grande marchande d’art que fut à partir de 1952, quai Voltaire, Huguette Berès, de la Galerie Berès proprement dite et d’une collection privée européenne.

Cette vente extraordinaire a pour titre général un mot japonais et une formule : « UKIYO-E, les images du monde flottant » Peintures, estampes, livres et dessins de la Chine et du Japon. « Le terme japonais Ukiyo-e, est-il utilement expliqué dans le premier des quatre volumes du prestigieux catalogue de la vente, ce terme, a été utilisé durant l’ère Edo ( 1603-1868 ) pour désigner un nouveau genre d’art graphique comprenant aussi bien la peinture populaire et narrative que les estampes japonaises gravées sur des bois ». Au Japon, « la période rime avec paix, expansion démographique et prospérité qui se traduisent par l’émergence d’une bourgeoisie urbaine et marchande et par un changement des styles artistiques. » Ainsi, l’estampe Ukiyo-e dont les thèmes « correspondent aux centres d’intérêt de la bourgeoise : les jolies femmes et les courtisanes célèbres, le théâtre kabuki et les lutteurs de sumo, la nature et les paysages, les lieux célèbres, le fantastique », est « un art à la portée de tous car elle peut être reproduite en grande série ».

Cet art, rappelle le catalogue, « connaitra à la fin du XIXème siècle un grand succès en Occident et surtout en France lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris. Ces images vont devenir une source d’inspiration pour les artistes comme Monet, Manet, Degas, Van Gogh, Renoir, Picasso, Gauguin, Klimt et les Nabis ( Vuillard, Bonnard… ). On parlera alors de « japonisme ». Des collections d’estampes se constituent alors, comme celles de Samuel Bing, Isaac de Camondo ( léguée au Louvre ), Louis Gonse, Raymond Koechlin, Henri Vever…

Kunisada Utagawa, Hokusai Katsushika, Hiroshige Ando… Citer ces trois noms suffit pour faire surgir ces images enchanteresses. Elles sont là, à votre disposition, à la portée de vos moyens si vous êtes passionné. Pour quelques centaines d’euros des chefs d’œuvre sont accessibles. D’autres, coûtent évidemment beaucoup, beaucoup plus cher. Mais pour se persuader de l’importance et de la qualité de cet art dans l’histoire universelle de l’image, il suffit de se procurer les quatre catalogues de la vente. Ils représentent une somme rarissime d’images irremplaçables. Ils sont, à eux seuls, un magnifique témoignage sur l’Ukiyo-e….

mardi 10 août 2010

Les titres à la Marianne...

"Marianne", l'hebdomadaire qui n'en est pas à une boule puante près, fût-ce à la Une de ce canard, titre cette semaine: "Le voyou de la République " au dessus d'une photographie du Président de la République. Je ne crois pas qu'un journal qui se veut respectable soit allé aussi loin dans la diffamation. Il suffit de soumettre le cas à un juge pour que l'affaire soit tranchée... C'est tellement grotesque, outré, enflé que ça discrédite les journalistes de cet hebdomadaire et le journalisme français. Tel qu'il fonctionne de nos jours .... Ayant travaillé dans la grande presse pendant 40 années je sui peiné de voir dans quels travers tombent les journaux incapables par leur travail assidu et intelligents de sortir de vraies affaires ( à droite comme à gauche ) et qui se croient obligés de forcer dans l'outrance des mots pour se donner une image. Les clowns, les voyous.... ce sont eux. Quelle idée se font les lecteurs de ce périodique de la réalité ? Dans quel rêve de poivrots incultes baignent-ils ?

dimanche 8 août 2010

Sur un certain sondage qui sacre Noah

Noah, Yannick Noah, Premier dans le coeur des Français, selon Le JDD. Suivi par Mimi Mathy... etc.. Le plus étrange c'est que personne ne s'interroge sur la méthode du sondage. Il a beau être ancien et récurrent, ce sondage met à mal toutes les règles scientifiques. Il repose sur un questionnaire pré-conçu et nominatif de personnalités qui induit les réponses et valide une certaine stabilité. C'est ce qui explique que ce Noah ( qui certes entretient sa notoriété et relance sa carrière par une chanson engagée " Angela !!! ") apparaisse continûment en tête du panel. La méthode utilisée exonère les Français de la beaufitude et de la débilité qui s'accompagneraient de tels résultats.... s'ils étaient scientifiquement attestés.... À moins que... Oh, Putain....!!!!

mercredi 4 août 2010

Marie Lepetit: acupuncture urbaine

Hasards de la ville… Je passais ce matin rue Saint Martin et sur le trottoir de gauche entre la rue aux Ours et l’Esplanade Beaubourg, et il y avait là une toute frêle jeune femme qui s’appliquait à fixer des points d’acrylique blanc sur un petit pan de mur noir d’ébène. Saisir un l’artiste dans le moment pointu de son travail créatif. Toujours une chance.

Un pas de recul et un aperçu de l’ensemble montrent, tracé au crayon de graphite, donc noir sur noir, mais noir comme argenté sur noir mat, un réseau de fines lignes qui partent en éventail d’un point central, de plusieurs points centraux, qui s’entrecroisent, s’entre connectent, avec une précision géométrique, mathématique. Ces points de contact, ces lignes méridiennes déterminent pour l’artiste la place qu’elle attribue dans sa sensibilité du moment à chacune de ses touches de peinture blanche. Comme l’acupuncteur dont la science parfaite des méridiens énergétiques n’a cure des indications d’un manuel.

Prenons encore distance. Dès lors l’œuvre surgit dans sa globalité. Voici une sorte de cosmogonie vibratile d’où s’échappe, discrète, cette mystérieuse « Musique des Sphères » qu’évoquait vers 400 avant Jésus-Christ, le mathématicien et astronome, le pythagoricien Philolaos. Une nuée ordonnée et vivante de myriades de lucioles qui constitue une vision du monde.


Marie Lepetit, l’artiste du petit pan de mur noir, n’a que faire, à ce que j’imagine, des avancées modernes de l’astronomie en tant que science exacte. Elle est peintre avant tout et je la classerais plutôt, s’il le fallait, dans la lignée des poètes ou des grands peintres que furent Martin Barré ou Agnès Martin. Mais cette œuvre si forte et si fragile a une vraie personnalité et une unité qui signent l’Artiste.

« Memento Mori ! » Accrochée à la paroi de la rue Saint-Martin, soumise aux intempéries, aux pipis des chiens, aux graffitis imbéciles qui parfois viennent souiller des œuvres ( comme s’il n’y avait pas, ailleurs, assez de place sur des murs vierges… ) le beau travail – prévu comme éphémère par Marie Lepetit elle même - demeurera un temps dans cette rue qui fut un des grands axes de la capitale, pour enchanter les regards et donner à voir. Il faut le voir comme en lui même. Sans vouloir en extraire une « signification ». Comme le dit si justement Pierre Soulages, « sur l’œuvre, les sens viennent se faire et se défaire ». Laissons nous porter et entraîner par le regard que nous lui portons.

Enquête menée, j’ai appris que Marie Lepetit avait de mars à mai exposé des peintures et des dessins dans une galerie de la rue Quincampoix, la galerie « Briobox », née voila moins d’un an. Il y reste quelques peintures et quelques dessins. Avis aux amateurs.

« Briobox », 67 rue Quincampoix. brioboxgalerie.com ; téléphone : 0142748080.

Basquiat dans les starting blocks

Il faut s’y préparer. L’événement de l’année, c’est Jean-Michel Basquiat. Né le 22 décembre 1960 à Brooklyn aux États Unis, ce Rimbaud de la peinture aurait bientôt cinquante ans si la mort – à la suite d’une overdose - ne l’avait fauché le 12 août 1988 à New York. Il avait 27 ans.

Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris va consacrer du 15 octobre 2010 au 30 janvier 2011 une rétrospective mémorielle à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa naissance.
Cette exposition présentera une centaine d’œuvres majeures ( peintures, dessins, objets ) provenant de nombreux musées et collections particulières à travers le monde. Elle permettra de retracer le parcours chronologique de cet artiste – proche de Andy Warhol, de Keith Haring, de Francisco Clemente… - qui marque profondément la décennie 80 et plus profondément l’histoire occidentale de l’Art.

Cette exposition a été conçue en partenariat avec la Fondation Beyeler où elle est présentée, à Riehen, près de Bâle, jusqu’au 5 septembre. Les commissaires de cette exposition ont obtenu des prêts époustouflants. Il proviennent du Museum of Modern Arts et du Whitney Museum of American Arts de New York, du Musée National d’Art Moderne de Paris - Centre Georges Pompidou, du Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, de la Broad Art Foudation de Santa Monica, de la Brant Foundation, de la collection Daros en Suisse, de la succession J.M. Basquiat à New York, de la Fondation Louis Vuitton à Paris, de la collection de la famille Rubell, à Miami, de la galerie Bruno Bischofberger à Zürich, de la galerie Enrico Navarra, galerie Tony Shafrazi à New York, de la galerie Gagosian de New York, de la galerie Jérôme de Noirmont à Paris, des collections de Lio Malca à New York, Fred Hoffman, Enrico Navarra, de la collection Steven et Alexandra Cohen, des collections Mugrabi, Irma et Norman Braman, Amalia Dayan et Adam Lindemann, Laurence Graff, John McEnroe…(1)

En attendant d’aller à Bâle ou au Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, ou après y être allé, il faut lire le beau livre, richement illustré ( et modeste : 19, 90 € ) que publient les éditions Flammarion. Avantage: il est écrit en français. L’ouvrage, dont l’avant- propos est rédigé par Arnold L. Lehman, directeur du Brooklyn Museum, est placé sous la direction de Marc Mayer. Le premier des textes qu’il propose est une mise en perspective historique de l’œuvre de Basquiat « qui apparaîtra, sans doute longtemps, dit-il, comme l’incarnation moderne du génie et de la fougue juvéniles. ». Franklin Sirmans inscrit, lui, Basquiat, « Dans le cipher », mettant sa peinture en relation avec la culture hip-hop. Fred Hoffman, pour sa part, analyse les Cinq chefs-d’œuvre qui marquent à son idée « Les années déterminantes » de l’artiste. Kellie Jones interroge les conservateurs ( elle est conservatrice ) en précisant qu’elle a rencontré Basquiat en 1987 sur une piste de danse lors d’une fête organisée par Spike Lee.








(1) Le catalogue de l’exposition, publié en allemand et en anglais par les éditions Hatje Cantz à Stuttgart, dans une mise en page de Marie Lusa, contient des textes de Dieter Buchhart, Glenn O’Brien, Robert Storr, Michiko Kono, une interview de Basquiat par Becky Johnson et Tamra Davis ( sortie d’une vidéo de 1985 ) et une chronologie par Franklin Sirmans. 244 pages, 334 illustrations. ( Je ne l’ai ni reçu, ni lu )










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Bernard Pagès: l'hommage à Clément Marot

C’est l’hommage d’un fils de Cahors à un autre enfant de Cahors. Et qu’importe si près d’un demi millénaire sépare l’un de l’autre dans le temps. Clément Marot est né dans la capitale du Quercy en 1496 ; Bernard Pagès, en 1940, dans le chef lieu du Lot. Tous deux ont beaucoup voyagé et ont eu de nombreux points d’attache : Paris, Reims, l’Italie pour le plus ancien, le poète… Paris, le pays niçois pour le plus récent, le sculpteur… Mais leur œuvre a tracé sa route à travers la France et s’est imposée dans le monde entiers par la grâce de l’imprimerie ou celle des collections d’art.

Cette sculpture monumentale imaginée par Bernard Pagès était prévue pour être installée dans une faille architecturale entre deux des bâtiments du Conseil général du Lot construits à flanc de colline. Et pour « se faufiler » sur plus de 30 mètres de long. Cette œuvre composite s’élève sur 6,50 mètres de haut et sa largeur est de 3 mètres dans sa plus grande dimension. Elle est constituée de trois éléments liés, connectés entre eux et formant une unité de sens. À l’un des deux bouts de la pièce, s’accole au sol une masse de béton coloré en bleu avec des inclusions de marbre blanc, sculptée au pic, elle même surmontée d’une poutrelle industrielle en H, tordue et peinte en brun-rouge. À l’autre bout, s’élève en oblique vers le ciel une autre poutre du même type, peinte en un jaune vif, dont la base repose elle aussi sur le sol. Entres ces deux extrémités se déroulent, comme en une ribambelle de lettres dansantes, deux vers tirés de « L’Adolescence Clémentine » de Marot, un texte publié en 1532. « Ce lien exagérément distendu et divaguant, morcelé, haché, transparent et continu à la fois », selon les expressions de Bernard Pagès, dit et écrit:

« Car tout ainsi que le feu l’or affine,
Le temps a faict nostre langue plus fine »

L’œuvre de Bernard Pagès porte pour titre : « L’Ondoyante ». Dans sa traduction pour « Le Regardeur », revue d’art contemporain dans le Lot, Bernard Pagès explique : « Comme le temps dans le texte de Marot rend « la langue plus fine », le feu purifie l’or. Il fait l’or plus « entier ». C’est le feu et l’air, l’oxygène et l’acétylène, le plasma du chalumeau oxycoupeur qui découpe les lettres et les plaques de fonction. C’est le feu qui transforme en l’affinant le fer en inox. »

Voilà donc la première création d’importance de Pagès installée dans son fief d’origine. C’est important pour l’artiste et c’était une urgence pour sa ville natale qui lui avait consacré en 1995 une belle rétrospective au Musée Henri Martin. C’est intéressant aussi pour l’amateur d’art qui peut voir là un travail de maturité d’un sculpteur. Bernard Pagès a été impressionné par Brancusi, marqué par les Nouveaux Réalistes, il est passé par le groupe Supports/Surface, mais il a développé une œuvre parfaitement originale et signée, ingénieuse et rustique, avec ses matériaux propres : la pierre, le bois, le plâtre, la brique, le parpaing, le fer, l’acier, le béton, le mortier, l’os, le plomb, la terre, le cordage, la paille, l’herbe, le plexiglas, le feu… travaillés à l’artisanale, à la naturelle. Il colle, il soude, il superpose, il combine, il confronte, il ajuste, il imbrique… tous mots extraits de son vocabulaire. Ce sont les actions de ce constructeur atypique qui se joue des équilibres, des pesanteurs, des règles établies.
« Les sculptures de Pagès fuient l'autorité comme la peste, l'autorité qu'elles pourraient avoir en premier lieu » écrit Marilyne Desbiolles, prix Femina 1999, dans le catalogue « Nous rêvons notre vie », collection Pérégrines, éditions du Cercle d'Art, Paris, 2003. Elle poursuit : « Les plus grandes d'entre elles n'imposent pas, elles n'imposent pas leur présence envahissante, grandiose. Elles ne sont pas grandioses. Elles ne rivalisent pas avec les dieux mais elles leur tiennent tête en esquivant habilement leurs foudres qui pétrifient. Le tour de force consiste aussi à garder leur ténuité même lorsqu'elles regardent de haut. Elles ont l'air de se frayer un passage dans le vide, elles n'essaient pas de le combler. Elles aussi, elles ont peur du vide mais elles n'ont pas la prétention de le colmater, elles pactisent avec lui en s'immisçant, en le trouant le plus délicatement possible. » On ne saurait mieux dire.

Les amateurs d’art, les spécialistes et les musées ne s’y sont pas trompés qui ont exposé Pagès à Nice, à New York, à Tours, Toulon, Meymac, Chambord, Toulouse, Avallon, Valréas, Montrouge, près de Bordeaux au château d’Arsac, Vence…, à Edimbourg, New Dehli, Buffalo, San Francisco, Seattle, Gand, Bergen, Zagreb, Bruxelles, Saarbrücken, à la Marsa près de Tunis, et bien sûr à Paris au Centre Pompidou… Des œuvre monumentales de Pagès sont installées à demeure sur de nombreuses aires : « Hommage à Gaston Bachelard », à Mailly-en-Champagne, la « Fontaine Olof Palme » à la Roche-sur-Yon, un « Hommage à Albert Camus » à Nîmes, une « Colonne » au siège des Affaires culturelles de la ville de Paris, une « Fontaine parfumée » chez Fragonard à Èze, « La Pierre de l’éperon » à l’École des mines d’Alès, bientôt au siège social de L’Oréal…

C’est ce qu’on appelle rayonner…

JB








artprice






mardi 3 août 2010

Jean-Pierre Rodrigo: la passion cactus

La peinture, la céramique, l'art puisent dans la nature humaine les ressources les plus vives. Dans son exposition, montrée à Montcuq jusqu'au 11 juillet, Jean-Pierre Rodrigo a présenté une impressionnante série sur un thème étonnant : « Cactus y figues de Moro » ( Cactus et figuiers de Barbarie ). Des céramiques, blanches le plus souvent, aux arêtes taillées dans le vif ; aux ombres à la fois ténues et puissantes ; à l'allure de Golems qui se cachent sous la forme appelée cactus. Des panneaux aux tons assourdis, l'un noir et ocre, avec, tracés en réseaux des lignes comme sur le tableau de l'école, qui dessinent une trame de ces cactus appelés à la vie et à la fructification et plus bas au plus profond, le réseau souterrain des racines qui puissent dans la terre leur substance, la mémoire et leur force nourricière. Un autre panneau, rouge et fumée bleue, invite à mêler les apparences du cactus ( nourriture et boisson du désert, étancheur de la soif des nomades ) et le canari de l'Afrique et de la Bible, le "Cantir" de la Catalogne, qui, lui aussi, assure une eau rafraîchissante au voyageur d'ici bas.

Cette thématique du cactus, Jean-Pierre Rodrigo s'en est expliqué dans une interview donnée à "La Dépêche du Midi". « Après le décès de mon épouse France, en 2003, plusieurs thèmes ont surgi, dont celui des cactus. Elle les aimait, les ramassait, et me chargeait de les mettre en pot. J'ai ressenti le besoin de faire un lien en les peignant » dit-il.



Essayons d'aller plus avant dans l'analyse de ce qu'a traduit ainsi Jean-Pierre Rodrigo avec sa fibre d'artiste. Et d'abord, comparons. Comparaison n'est pas raison. Même en art. On va le voir.



On sait comment Claude Viallat, le Nîmois et grand peintre à l'immense renommée internationale, a fait d'une simple éponge l'objet de tout son travail artistique depuis des dizaines d'années. On sait aussi combien cet objet qui est toujours le même et son empreinte qui est toujours identique à elle même, sont aussi, à chaque fois, tout autres et tout différents.

Pour Viallat, qui est l'un des fondateurs du groupe « Supports/Surface » ( et qui a été, doit-on le rappeler ? un des proches du Cadurcien Bernard Pagès ) l'exercice est l'application d'une théorie en rupture avec la figuration, l'abstraction lyrique ou géométrique. Dans leur Manifeste, les artistes du groupe expliquaient : « L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu'à eux-mêmes. Ils ne font point appel à un « ailleurs » (la personnalité de l'artiste, sa biographie, l'histoire de l'art, par exemple). Ils n'offrent point d'échappatoire, car la surface, par les ruptures de formes et de couleurs qui y sont opérées, interdit les projections mentales ou les divagations oniriques du spectateur. La peinture est un fait en soi et c'est sur son terrain que l'on doit poser les problèmes.
 Il ne s'agit ni d'un retour aux sources, ni de la recherche d'une pureté originelle, mais de la simple mise à nu des éléments picturaux qui constituent le fait pictural. D'où la neutralité des œuvres présentées, leur absence de lyrisme et de profondeur expressive. »

Or il se trouve que Jean-Pierre Rodrigo a précisément exposé en 2003 au Musée Henri-Martin de Cahors dans le cadre de la mémorielle « Nationale 20 / 1978-2003, que s'est-il passé? », ses « Molinos para el Quijote », une dizaine de ses peintures, à côté de celles de Claude Viallat. ( Mais aussi de Louttre B., Bernard Pagès, André Nouyrit, Jean-Pierre Pincemin, Jean Rédoulès, et Michel Zachariou…). D'où surgit cette question en retour sur Viallat: Alors, Rodrigo avec son obsession du cactus, son obstination créative, sa répétition du motif devrait-il être classé côte à côte avec Claude Viallat ? Dans cette mouvance de Supports/Surface? Ma réponse fuse: Eh bien pas du tout! Et c'est parfait ainsi. Jean-Pierre Rodrigo est ailleurs, sur un autre territoire, dans une tout autre dimension de la création qui est celle de la vibration sensible. Il est chez lui, dans son propre univers qui est celui de la mémoire et de la vénération. L'objet existe, se manifeste, s'expose non pas pour lui même, mais pour ce qu'il contient, recèle, révèle de présence dissimulée, secrète. La répétition, c'est aussi le principe de la litanie qui est une des formes religieuses de l'hommage et de l'invocation.

Les cactus de Rodrigo sont du genre sensitif. Et s'il me fallait faire une allusion à un artiste, et pour moi celui-ci est l'un des plus grands contemporains, c'est à plutôt à Cy Twombly que je penserais. À Twombly, dans ses sculptures de plâtre blanc ( je songe d'emblée à « Thermopylae » ou à « Cycnus » ) ou à Twombly dans ses tableaux noirs à la puissance évocatrice inouïe.

Mais foin de remémorations, voyons d'abord les œuvres de Jean-Pierre Rodrigo, regardons les, écoutons leur murmure, laissons nous séduire par leur appel. Il y a là une vibration ou plutôt un vibrato spécifiques. Une musique qui vient de si loin et qui nous touche au plus profond.

J B

Jean-Paul Dumas-Grillet: La photographie cosa mentale...

J’ai rencontré les photographies de Jean-Paul Dumas-Grillet soudain. Comme il se doit. Par surprise presque. Une d’abord, celle d’une fenêtre, prétexte ( ?), qui m’a ferré par sa simplicité d’évidence. Et sa rigueur, sa sècheresse mallarméenne. Sa géométrie parthénienne. Rien qui déborde, rien qui bave, rien qui ruisselle. C’est centré. Net. Concentré. Scotchant le regard. Mais ouvert par la perspective offerte sur tous les possibles, toutes les aventures... Bref, une photographie riche en elle –même, comme peut l’être une peinture abstraite de Franz Kline ou une nature morte de Giorgio Morandi. C’est simplement beau.

Et puis j’en ai vu d’autres des photographies de Jean-Paul Dumas-Grillet, cherchées, sollicitées. Et à chaque fois j’ai été confondu par la puissance contenue de chaque image. Visages, arbres, rochers , miroirs, escaliers, portes, tables… chaque vue est un paysage mental. Précis comme chez Edward Hopper et Raymond Roussel. Indéfini dans son intension ( et son intention ), infini dans son intensité. Un sujet et une question. Une interrogation qui renvoie à sa propre mémoire comme à celle de l’artiste. Avec ce sentiment de « déjà-vu », ( plus savamment de paramnésie ), qui est un des mystères de la perception ( et de la poésie ).

Pas étonnant que Jean-Paul Dumas-Grillet cite dans un de ses portfolios cette phrase de Cesare Pavese : « Il faut savoir que nous ne voyons jamais les choses la première fois, mais toujours la seconde. Alors nous les découvrons et en même temps nous nous les rappelons » Ces vues, en effet, tiennent à la fois du conjoncturel, du hasard, de l’éphémère… ( la rencontre, le passage, la lumière, le vent… ) et du permanent, du stable et du constant. Fixé dans l’instant qui compte le temps se fait éternité.


JB

PHOTOS: 1) Barre blanche 2) Eden Hôtel de Martigues
Qui est Jean-Paul Dumas-Grillet ?


Jean-Paul Dumas-Grillet vit et travaille à Paris et Munich. Il a exposé régulièrement en groupe et expositions personnelles à la galerie Vieille du Temple. Il a participé aux foires ArtParis (2005,2006, 2007, 2009) Et a de nombreuses autres expositions : Château d'Eau de Toulouse (Hôtel du Grand Miroir) - Bibliothèque Nationale de France (Portraits/Visages, 2003), (Mois de la Photographie, 1994) Musée Pétrarque (La Sorgue Baroque, 1998,) Rencontres Internationales de la Photographie, 1993)

En 2010:
Tokyo Art Club/ Palais de Tokyo ; ZSart Gallery - Wien - European Month of Photography - novembre 2010

En 2009:
ArtParis : Paris/Grand Palais - Galerie Vieille du Temple
Im Abendrot - video - Institut Français de Munich - juin 2010
Médiathèque de Martigues - juillet/août - exposition personnelle
Art Élysées - octobre 2009 - Galerie Vieille du Temple
Centre de Création Contemporaine de Tours - 21 novembre/21 février -
La collection d'art contemporain de la Société Générale par Claude Rutault (groupe: Valérie Belin, Stéphane Couturier, Thomas Demand, Jean-Paul Dumas-Grillet, Anne Garde, Werner Hannapel, Anna Malagrida, Philippe Ramette, Georges Rousse, Thomas Ruff...)

En 2008 :
Art Fair Tokyo - Hayakawa Gallery - Osaka (avril 2008)
Galerie de l'Hôtel Marceau Bastille - Paris (16 mai-30 septembre 2008)
Domitille Chaudieu, J.P Dumas-Grillet, Arthur Kleinjan - Galerie Vieille du Temple - Paris (octobre 2008)
Artélysées - Galerie Vieille du Temple (octobre 2008)

Collections
Bibliothèque Nationale de France
Château d'Eau de Toulouse
Musée Pétrarque
SACEM
Collection d'Art Contemporain de la Société Générale
Editions
Adorae Curieux Zamok (Le Chêne/Hachette, 1981)
Tombeaux de Sable et de Lumière (Fata Morgana, 1995)
La Sorgue Baroque (Clepsydre, 1998)
Studio, la Légende du Cinéma - Jean-Pierre Lavoignat (Albin-Michel, 2007)

Catalogues
La Matière, l'Ombre, La Lumère (B.N/Nathan, 1995)
Portraits/Visages (B.N/Gallimard 2003)
Photographies 2005-2007 - texte d'Adrien Goetz (Galerie Vieille du Temple)

Videos
Lonely Together (couleur, 15 minutes) - 2006
Nothing (noir et blanc, 9 minutes) - 2006
Daisy Skimmer (noir et blanc, 7 minutes) - 2008
In the Sweetness of Being (couleur, 7 minutes) - 2008

Films (auteur)
Im Abendrot (couleur et noir et blanc, 60 minutes)
avec Laura Schmid, Bérangère Andréo, Caroline Llorca

Films (Photographe de Plateau)
L'Appartement (Gilles Mimouni) - 1995
Le Goût des Autres (Agnès Jaoui) - 1999
Les Fantômes de Louba (Martine Dugowson) - 1999
Le Pharmacien de Garde (Jean Veber) - 2001
Le Rôle de sa Vie (François Favrat) - 2003
Comme une image (Agnès Jaoui) - 2003
Les Bottes (Renaud Bertrand) - 2003
La Belle et le Sauvage (Bertrand Arthuys) - 2004
Parlez-moi de la Pluie (Agnès Jaoui) - 2007



UNE PROPOSITION DE L'ARTISTE:


"Afin de financer un projet concernant les photographies de portable que je fais depuis bientôt deux ans, j’ai décidé de proposer à la vente le numéro 1 de chacune de ces photographies (tirée à 12 exemplaires) à raison d’une par jour, et ce jusqu’à l’automne.
La première personne qui se manifestera – par mail - en sera l’acquéreur.
Toutes les photographies seront répertoriées dans le blog
lumiereslointaines.blogspot.com
et disponibles à l'achat jusqu'à ce qu'il soit précisé qu'elle ont été vendues.
Le prix exclusif pour ce numéro 1/12 est de 200 euros au lieu de 750 euros dans le circuit habituel pour cette taille.

Eden Hotel de Martigues, le 3 juillet 2009 à 17 heures 11, entre mon arrivée par le tgv à Marseille
et le vernissage à la Médiathèque. Le nom de l'hôtel sur les hauteurs, au bord de la route, me fait penser à un périple à travers les États-Unis que je n'ai jamais encore su faire. Je ne sais pas si je fais cette photographie à cause de ce nom, qui pourrait être celui d'un motel dans l'Arizona, ou parce que j'ai souvent sur ma table le gros catalogue jaune de l'exposition de Lee Friedlander à la Maison des Arts de Monaco Bay.


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