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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

lundi 26 mai 2014

Hijack : l'art en de nouveaux horizons

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L’art n’échappe pas à l’air du temps. Quand on est né à Los Angeles en 1992 et si l’on commence à s’inscrire dans le métier d’artiste au cours de la première décennie du XXI ème siècle, l’art vous tape à l’œil. Il vous en met plein la vue.  Tout est visuel et tout vous invite d’emblée à investir l’univers de l’image. On ne peut que plonger dans le grand bain des représentations  du monde que ces stars  ont crées,  disponibles à tous et qui attirent les feux les plus vibrants des projecteurs.

Dans cette ère Post-Warholienne, où chacun peut se forger son quart d’heure de célébrité, les artistes qui font alors le buzz, ce sont précisément ceux dont la gloire médiatique explose en quelques secondes de façon déflagrante dans les rues. Leur puissance est telle qu’elle persiste comme une image rétinienne des mois, des années, des décennies. Et la célébrité avec…

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La première fée qui se penche sur le berceau de Hijack, c’est d’abord son géniteur. Son père, c’et Mr. Brainwash. Ce vidéo-cinéaste et « street-pop artiste », de son vrai nom Thierry Guetta, a conquis son blaze à deux cents à l’heure.  Les  revues d’art en pointe et même les journaux grand public ne cessent de parler de son imagination  débordante. Et aussi des images extraordinaires qu’il a subverties et qui animent les artères des grandes villes. Les amis de cet ouragan des murs sont comme lui des « Street Artists ».  Excusez du peu, ils s’appellent Space Invader, Shepard Fairey et le cultissime et secrétissime  Banksy dont les œuvres s’arrachent pour des millions de dollars. D’ailleurs Bansky a été désigné « personnalité de l’année »  lors des Webby Awards qui récompensent annuellement les vedettes du web mondial.

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Hijack, bien sûr, n’hésite pas à entrer dans la carrière, même si ses aînés y sont encore… À son tour, d’entrée de jeu, il se fait repérer. De nuit, il enlumine de peinture les fonds de murailles de ciment ou de béton défraîchi et écaillé.  Et sur ces espaces qu’il s’est appropriés, il joue du pochoir. Mais sa marque, sa différence, ce sont les slogans de toute première force qu’il y inscrit : « Dream with your eyes open », « Youre never too young to dream big »,  « The sky is not the limit »,  « Youre never too young to love », « Perfection is false »… Hijack a eu la bonne idée marketing d’inscrire ces aphorismes new-style, provocants et rafraîchissants sur ces panneaux publicitaires « open » que sont les murs de Los Angeles puis de Londres.  Il choisit aussi, sage précaution,  les avenues les plus hantées par les automobilistes comme Runyon Canyon ou fréquentées par les touristes comme Melrose avenue à L.A. Et ça fait tilt… Et même boum…

En juin 2013, alors qu’il va exposer à la prestigieuse Galerie Mead Carney, sur Dover Street, à Londres, dans le quartier huppé de Mayfair,  Hijack a droit immédiatement à des papiers ou des articles web enthousiastes dans Art of England, The Art Newspaper, The Telegraph…  Et Caroline Frost dans le Huffington Post UK se pose même la question : « Est-il le nouveau Bansky ? En octobre de la même année, il est invité au Mexique à l’Art center de Guadalajara. Le succès est tel que l’exposition est prolongée de plusieurs mois.

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L’an dernier, la Galerie Moretti & Moretti, entre la Bastille et le Marais, avait montré quelques œuvres de Hijack dans sa vaste exposition Street and Pop. Il y revient cette année en force et en solo dans son show « Life through street art ». Pour nous donner à voir et à rêver de nouveaux horizons…
Jacques Bouzerand

mardi 6 mai 2014

"Crimes et châtiments"…. : une "tuerie" à Drouot...

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C’est une mine extraordinaire qu’offre aux collectionneurs passionnés par le thème « Crimes et châtiments », la criminologie sous toutes ses formes,  la vente (d’une partie) de l'immense bibliothèque Philippe Zoummerroff par la maison Pierre Bergé & Associés le 16 mai à Drouot-Richelieu.

Philippe Zommerroff, aujourd’hui administrateur de la Bibliothèque Nationale de France,  est l’ancien directeur de la société Facom, spécialisée dans l’outillage à main (fondée par son grand-père). Il a toujours été un collectionneur hors pair d’enregistrements d’opéras, de timbres et marques postales, d’ouvrages anciens. Il a constitué une impressionnante bibliothèque de plus de 15 000 ouvrages, - livres rares et anciens, ouvrages de référence, compte-rendus de procès,livres et amnuscrits, etc, - relative à la justice pénale et l’a mise à disposition sur internet  (http://www.collection-privee.org/public/zoummeroff.php ) dans le cadre de la Bibliothèque Zoummerroff  et de la Bibliothèque française de criminologie. Cette bibliothèque, selon les informations qu’elle diffuse, concerne la justice pénale au sens large. « Elle concerne non seulement les délits et les crimes de droit commun, mais aussi les crimes politiques,les exactions liées aux religions,la mafia, les camps de concentration et autres goulags, les bagnes, les révolutions, les grands procès… » Autant dire un fonds extraordinaire fondé par ce chercheur hors normes et ce généreux dispensateurs du savoir que ses recherches lui ont fournies.

Pour revenir à la vente du 16 mai qui verra affluer les collectionneurs internationaux et dont ont peut gager qu’elle sera le théâtre d’enchères colossales il faut signaler qu’elle apportera sur un plateau des perles inimaginables. Impossible de citer tous les trésors disséminés dans les 423 numéros du superbe catalogue de A à Z, qui s’ouvre sur des affiches de sentences du XVIIIème siècle et se clôture sur le numéro du 13 janvier 1898 du quotidien L’Aurore avec l’article célèbre de Zola, « J’accuse » ( estimé de 3 à 4 000 €).

La vente est organisée en trois grandes périodes. Ancien régime (112 n° ) ; Révolution (n° 133 à 181) ; XIXème et XXème siècles (n°182 à 423).

Pour la première période, signalons l’ouvrage de Carré de Montgeron, condamné à la destruction, sur les convulsionnaires -1737-41 ( estimé de 1 500 à 2 000 €) ; une édition originale du Code Noir de la Louisiane -1727- ( estimé de 5 à 6 000 €) ; L’index espagnol de livres défendus de 1583 ( estimé de 3 à 4 000 €) ; une édition originale de L’esprit des lois de Montesquieu -1748- ( estimé de 12 à 15 000 €) ; un édit manuscrit contre la sodomie de Cosmes de Médicis-1742- ( estimé de 8 à 10 000 €). Et des documents précieux sur Cartouche, Damien, Latude, Mandrin, Ravaillac…

Concernant la Révolution, voici le recueil en huit volumes des pièces de la « Conjuration des égaux » de Gracchus Babeuf ( estimé de 8 à 10 000 €) ; un manuscrit autographe de Condorcet sur Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes -1792- ( estimé de 8 à 10 000 €) ; des lettres et pièces concernant les 16 déportés de Fructidor (Barthélémy, Pichegru, Ramel…) ( estimé de 1 500 à 2 000 €) ; la liste signée d’Hébert relative à l’élection du maire de Paris -1792- ( estimée de 4 à 5 000 €) ; un ensemble de 317 pièces relatives au procès de Louis XVI en quatre volume -1792- ( estimé de 6 à 8 000 €)…Entre autres…
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Le très curieux meuble-trombinoscope des 100 criminels les plus recherchés des Etats-Unis vers 1880 ( estimé de 30 à 40 000 €) ouvre la troisième période. Relevons des ensembles de dessins de prisonniers et de bagnard s de Cayenne (estimations très diverses et jusqu’ 15 000 €).
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La collection de 1928 à 1932 de l’hebdomadaire Détective –édité par Gaston Gallimard avec des articles de Kessel, Mac Orlan, Morand… est estimée de 1 000 à 1 500 €) ; un ensemble autour de l’affaire Dreyfuss : photographies originales, documents divers ( estimé de 15 à 20 000 €). Les amateurs intéressés par les affaires Bonnot, Fieschi, Fualdès, Gorguloff, Lacenaire, Loutrel dit Pierrot le fou, Mata-Hari, Marie Besnard, Jesse James, Violette Nozières, Petiot, Ravachol, Vacher, Villain…trouveront leur miel Les connaisseurs d'Alexandre Lacassagne, le fondateur de la criminologie également. Quant au grand opposant à la peine de mort,  Hugo, il est  est aussi bien représenté.  Autour de Landru, un ensemble de photographies et de documents ( estimé de 6 à 8 000 €) ; un manuscrit  autographe relatif à son procès à Versailles en 1921-22 (estimé de 2 à 2 500 €). La collection complète de La Lanterne du pamphlétaire Henri de Rochefort -1869-1876- accompagnée de documents et objets est estimé de 2 à 3 000 €).

Jacques Bouzerand
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samedi 3 mai 2014

Van Gogh, cette étoile filante.

L'avantage avec les livres de Karin Müller c'est qu'ils font ressusciter pour nous lecteurs les grandes figures disparues de la peinture : Henri Matisse,  Edward Hopper, Nicolas de Staël, aujourd'hui Vincent Van Gogh.  Cet auteur (non, pas «cette auteure» s'il vous plaît, j'en palis) recrée de saisissantes autobiographies fictionnelles et minutieuses. Très vivaces  surtout et très exactes. Karin Müller, petite souris, se glisse furtivement dans les récits, les correspondances, les biographies, les études, les articles de revues… pour en extirper le grain des éléments de vie qu'elle transpose avec savoir-faire à la première personne du singulier. « Je est un autre », certes, et « Madame Bovary, c'est moi »… «Je» ici n'est plus Karin Müller, c'est Matisse, Hopper, Staël, Van Gogh… Et c'est pour nous un bonheur de lecture chaque fois renouvelé.

 En parallèle avec la très passionnante exposition ouverte au Musée d'Orsay, ce printemps et jusqu'au 6 juillet 2014, "Van Gogh/ Artaud. Le suicidés de la société", qui permet de revoir ou de voir, à Paris, des tableaux sublimes du peintre hollandais, il faut lire ce nouveau livre de Karin Müller.  


Vincent Van Gogh, deuxième du nom - puisqu'il succède sous le même patronyme à son frère, son aîné d'un an, mort-né - et même quatrième car il porte le même prénom que son grand père et son oncle qu'il appelle « Oncle Cent ».  Le petit Vincent, exilé de onze à quinze ans dans des pensionnats, taciturne, renfermé, se sent mal aimé et se réfugie dans la lecture : « La case de l'oncle Tom », Heine, Schiller, Goethe, Andersen.., l'observation de la nature autour de lui, le dessin et la peinture qu'il apprend avec son professeur Constantin Huysmans. Mais rien de tout cela ne lui offre a priori de voie sérieuse pour l'avenir, de métier. 

C'est « Oncle cent » qui va lui permette de s'insérer dans la vie active. Comme lui, Vincent va d'abord devenir marchand de tableaux.  À La Haye, associé avec le grand marchand parisien Adolphe Goupil, cet oncle a créé une belle et florissante galerie. On y vend des toiles de Millet, Renoir, Pissarro, Manet… et aussi –innovation- des tubes de peinture qui y attirent la clientèle des artistes qui peignent sur le motif.

Durant quelques années, de 1869 à 1875, de 16 à 22 ans, Vincent junior devient donc marchand d'art. À La Haye, à Londres, il se satisfait de cette fonction dont il s'acquitte parfaitement. Il y noue des relations avec des peintres. Court musées et expositions. Muté à Paris, il se pose alors pourtant une question existentielle. Va t-il devoir vendre des tableaux toute sa vie ? Cette interrogation le taraude. Non, il n'a envie ni d'une belle maison, ni de fonder une famille. Perturbé, il se plonge dans la Bible, songe à devenir pasteur, se remet au dessin, devient acariâtre avec les clients.

Il décide alors de larguer les amarres et repart pour Londres où il se retrouve répétiteur, « maître d'école-assistant paroissial-aide prédicateur ». Il s'ennuie. Il va à Dordrecht, près de Rotterdam, où il devient commis-libraire grâce à l' « Oncle Cent ». Mais il passe le plus clair de son temps à traduire la Bible en trois langues outre le néerlandais, le français, l'anglais, l'allemand. Pris sur le fait il est renvoyé au grand dam de son oncle qui se fâche définitivement avec lui. Heureusement il a d'autres oncles qui le soutiennent dans cette mauvaise passe où il hésite toujours sur son avenir, -devenir pasteur ou quoi ?- et lui fournissent des contacts. Mais Vincent accumule toujours les échecs. Le voilà évangéliste – sans écho- à Bruxelles, mineur à Marcasse, infirmier d'occasion… Il est hâve et miséreux, colérique, se vêt de loques et dort dans une cabane. Mais il dessine de nouveau avec appétit…

Surgit un nouveau bienfaiteur, Théo, son frère cadet, qui muté à Paris en 1880 pour vendre des tableaux, renoue avec lui et lui promet un soutien financier régulier. À travers les péripéties familiales, les faillites amoureuses, les ennuis de toute sorte qui s'enchaînent, Théo –et son chèque mensuel- seront son pilier central. Sur le dessinateur aguerri qu'est devenu Vincent encouragé par Théo et le peintre Anton Mauve, l'empreinte de Millet se renforce. Le peintre surtout va se révéler avec l'apparition, dans son travail, de la couleur. Des teintes sombres, tristes, sinistres même, noires pour tout dire.  Pas encore ces couleurs de feu qui d'Anvers à Auvers vont peu à peu nourrir sa gloire éternelle.

C'est à Paris en 1886 qu'il va naître à lui même. Manet, Sisley, Cézanne , Pissarro.. le marquent. Il se lie avec Toulouse-Lautrec, John Russel, Émile Bernard, Signac, Anquetin… Et surtout Gauguin. En 1888, ce dernier revient en Bretagne. Van Gogh décide de partir pour le midi.

1888-1890. Ces deux années, ces deux dernières années de sa vie, seront pour Vincent son zénith et son Golgotha. Dès son arrivée  dans cette belle et antique ville d'Arles, Vincent se dévoue corps et biens à la peinture : une Arlésienne ;  sa chambre jaune ; des pêchers en fleurs ; un verger ; des arbres ; le café du coin ; des ruelles ; des barques ; des voisins … tout est prétexte à peinture.  Fin 1888, l'ami Gauguin –sous contrat avec Théo- débarque. Le bizarre et improbable «ménage» ne tient qu'un mois, le temps de se défaire. Une oreille coupée, Vincent se remplume à l'hôpital. Mais la population locale affolée et criarde veut qu'il s'en aille. Elle le considère comme un fou. Angoisses, hallucinations, égarements, il est du même avis et se fait admettre à l'hôpital psychiatrique de Saint-Rémy- de-Provence. Il lit. Tente aussi à plusieurs reprises de se suicider. Il peint surtout. C'est sa raison d'être. Rayon de lumière, en janvier 1890,  une première critique enthousiaste de Gabriel-Albert  Aurier parait dans « Le Mercure de France ». En février, Van Gogh vend sa  première toile « La vigne rouge » -400 francs- à Anna Boch, sœur du peintre Eugène Boch qu'il a portraituré (« Le Poète). Son succès d'estime au Salon des Indépendants en mars, et ces premiers signes de reconnaissance l'incitent à revenir vers Paris. En mai, il y est. Pour quelques jours seulement. Car il va tout de suite se fixer, tout à côté, à Auvers-sur-Oise. Et là, il peint. Fébrilement. Il peint son ami le docteur Gachet, sa maison, ses enfants, l'église du village, des champs de blé,  le 14 juillet… Mais les crises sont de retour. Le 29 juillet, il se tire une balle en pleine poitrine. Il a trente-sept ans. Au cours de sa vie hachurée et bariolée Van Gogh aura produit 1100 dessins. Et 900 peintures dont la plupart ces deux dernières années. Théo, syphilitique,  meurt six mois plus tard. Son fils, 1890-1978, sera le cinquième et ultime Vincent de la famille Van Gogh. Il faut lire dans le texte de Karin Van-Gogh-Müller le récit vibrant et habité, ci-dessus résumé,  de la trajectoire extravagante et sublime, forcément, de ce météore dans une nuit étoilée. 

Jacques Bouzerand

"Van Gogh… pour planer au-dessus de la vie" par Karin Müller. Suivi de "Vincent Van Gogh & Antonin Artaud" frères de souffrance. Préface de David Haziot Collection "je, biographe", éditions Michel de Maule, Paris 2014. 







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