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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

vendredi 18 septembre 2009

Les fascinantes forêts d’Eva Jospin



(Détails d''une forêt. Courtesy Eva Jospin Galerie Pièce Unique Variations)


Une fois tous les dix ans, tous les vingt ans peut-être, un artiste s’approprie un nouveau medium, invente, sur un support innovant, une méthode de création jamais encore explorée. Eva Jospin l’a fait. Elle joue ainsi avec une virtuosité incroyable une partition inouïe et inédite dans la gamme du carton ondulé.

Dit ainsi, cela fait bizarre ! Mais il ne faut pas oublier que depuis sa première utilisation, en 1871 aux États Unis, un peu plus tard en France, ce matériau composite et cannelé a connu de multiples destins glorieux auprès des plus grands artistes. Picasso, dès les années 1910 s’en sert pour réaliser des bricolages, des marionnettes, une guitare en 1912, des surfaces sur des toiles ; pour fabriquer une petite sculpture « Visage au carton ondulé » mise en médaillon d’or; en 1950, il peint une « Petite fille sautant à la corde », coiffée de carton ondulé… D’autres artistes, des designers en ont fait des fauteuils, des rayonnages, des cadres, des personnages et même des cabanes. L’écologie en fait la promotion…

Avec Eva Jospin on sort totalement de ces registres. Chez elle, et c’est là son apport important et manifeste, le carton ondulé devient medium total. Il est le cadre et la toile, la couleur et le trait de crayon, la touche de peinture... Il est tout à la fois les aplats et le relief, les surfaces et les profondeurs, les ombres et la lumière. Eva Jospin se sert du carton ondulé comme d’une matière première à laquelle elle fait subir tous les traitements raffinés qui font partie de sa panoplie : découpage, écrasement, grattage, effilochage… Il est bois : il se forme en tronc d’arbre. Affiné, étiré en lianes, en feuilles, en tiges, le carton perd jusqu’à sa mémoire de supplétif d’emballage. Il devient herbe, il devient mousse, il devient fleur…

La magnifique et imposante pièce qu’Eva Jospin présente jusqu’au 12 décembre à la "Galerie Pièce Unique Variations", rue Mazarine à Paris s’intitule « Détails d’une forêt ». Elle est la parfaite illustration de cette invention plastique. C’est la vision animée, c’est à dire pleine d’âme, d’une forêt imaginaire qui vibre et qui fascine. Ce pourrait être la forêt que Dante imagine dans sa Divine Comédie : « Nel mezzo del camin della nostra vita mi retrovai per una selva oscura… », la forêt obscure de tous les mystères de la vie. Mais ce pourrait être aussi la forêt primaire des origines, la forêt magique des fées et des lutins, la forêt vierge ouverte sur tous les possibles… Mille et une forêts. Bref, la création que donne à voir Eva Jospin vaut tout autant par les voyages qu’elle propose à l’imagination que par la technique qu’elle ose.

Rompue aux formules du dessin, du collage, de la sculpture, Eva Jospin, née à Paris en 1975, pratique aussi, très heureusement, la peinture et nourrie aux meilleures source en connaît les détours. Des monochromes de Bellegarde aux peintures, d’évidence noires, mais en réalité de lumière, de Pierre Soulages. Le carton ondulé est lui aussi monochrome. Travaillé par Eva Jospin il s’enrichit de toutes les potentialités que l’art et ses magiciens ont toujours donné aux plus humbles produits : le charbon de bois qui a donné vie aux figures de Lascaux, l’argile rouge aux peintures d’Altamira...

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