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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

lundi 10 juin 2013

Le nouveaux vitraux de la Cathédrale de Cahors






Quand il a été question, en France, de réaliser de nouveaux  vitraux, après la guerre  de 1939-45 ou après des siècles de délabrement, pour rafraîchir les grands monuments historiques que sont les églises et les cathédrales, les pouvoirs publics se sont efforcés au fil des ans de confier l’œuvre à des noms dont on était certain que l’histoire de l’art les porterait et les honorerait.  Ainsi des vitraux prestigieux ont  été imaginés par les plus grands  artistes vivants : Chagall à Reims et à Sarrebourg, Soulages à Conque, Garouste à Talant, Viallat à Aigues-Mortes,  Bazaine à Saint-Séverin, Manessier à Abbeville, Matisse à Vence, Cocteau à Metz…

À Cahors, pour la Cathédrale Saint-Étienne, bâtie à partir du  XI ème siècle sur l’emplacement d’une église du VI ème siècle, il s’agissait de remplacer des verrières transparentes, ou plutôt translucides, installées au XIX ème siècle. L’opération de sélection a été menée  par la  « Direction régionale (Toulouse, Midi-Pyrénées) des affaires culturelles », la Drac, qui dans son appel d’offre de 2010 soulignait « le caractère exceptionnel du bâtiment ». Une trentaine d’artistes, dit-on, ont concouru devant le jury composé – comment?, de qui ? - par la Drac, pour imaginer les onze verrières à rénover, soit 90 m2 de vitraux. Le choix d’un artiste s’est porté sur Gérard Collin-Thiébaut.,  un artiste de Franche Comté qui a travaillé, selon les dossiers,  « à partir d’emprunts iconographiques, des images de tableaux, de fresques ou encore de photographies qu’il a ensuite juxtaposées ou superposées ». Les nouveaux vitraux ont été inaugurés le samedi 8 juin par les autorités civiles et religieuses et sont visibles depuis par le public et les fidèles.

Je les ai vus et j’ai été tellement déçu par le spectacle désolant de facilité, de vulgarité même, que je ne puis écrire que mon désarroi. Dans le chœur de la Cathédrale les vitraux anciens sont, Dieu merci, toujours aussi magnifiques avec leurs rouges rutilants, leur bleus, leurs jaunes… , avec leur discours facile à interpréter sur les significations et les mystères de la foi. Et, à côté de ce chef-d’œuvre, que nous ont, sur près de cent mètres carrés, imposé l’artiste désigné et ses commanditaires ? Une suite d’images incohérentes, de tonalités lavasse, aux coloris affadies, découpées et recomposées comme à l’école primaire – section travail manuel-  selon une histoire que nul ne peut saisir car ces fragments recomposés mêlent des portraits ou des personnages d’époques et de styles différents, recopiées de modèles venus d’on ne sait quel livre en offset. Imaginez un découpage de photos disparates sorties des pages artistiques de quelques Paris-Match d’antan et défraîchis. 

C’est fade, oui, mais en plus c’est moche. Où est la ligne directrice ? le concept ( artiste conceptuel ? bigre) ? le beau ? On pouvait s’attendre à ce désastre. Car ici, la « création » qu’on espère d’un véritable artiste s’est bornée comme expliqué ci –dessus, à la juxtaposition de morceaux de photocopies d’autres propositions  d’autres artistes d’un passé plus ou moins lointain. La confrontation avec les lignes fermes de la Cathédrale, le sublime des vitraux venus du passé n’en est que plus dramatique. Les coloris des nouveaux vitraux  n’ont pour effet que de diminuer la luminosité du lieu sacré.


Sans vouloir être offensant, je ne suis pas certain pas que la notoriété de Gérard Collin-Thiébaut soit du calibre de celle des artistes qui précèdent. Certes, je sais que GCT a réalisé les vitraux du transept Nord de la  Cathédrale Saint-Gatien de Tours  et je crains qu’il n’emporte le concours lancé pour la Cathédrale de Lyon comme a dit le souhaiter Mgr Barbarin… Je sais qu’il a produit le Mémorial national de la Guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie au Quai Branly…, qui ne frappe pas les mémoires ; je sais qu’il a conçu, selon Wikipedia, des décorations pérennes pour le Musée international de la parfumerie, à Grasse ; pour le Mémorial de la Loi de 1901 sur la Liberté d’association à Plainoiseau ; une Tapisserie à la mémoire de Pasteur", pour la Préfecture de Lons-le-Saunier ; "Des Baigneuses pas très académiques" place de Bretagne, à Rennes, ; "Les signes du temps" pour la Médiathèque de Quimperlé ;  et d’autres  choses  pour la Bibliothèque Droit et Lettres de l’Université de Pau….

Ce Gérard Collin-Thiébaut, si bien achalandé de fournisseurs attitrés de commandes publiques ressemble plus à un artiste officiel qu’au génial créateur qu’on aurait souhaité pour un lieu tellement chargé d’histoire et de mémoire.

Le parti-pris général, j’imagine, a été de faire confiance à un artiste qui ne fonce pas dans l’aventure, qui n’aille pas vers l’abstrait. (Quelle horreur l’abstraction pour nos élites des administration !… )Avec ses images bien figuratives de Catéchismes, il pouvait séduire les religieux et même les profanes pressés… Et c’est ce qui est advenu. Le parti-pris de l’audace avait été écarté : aucun artiste de grand renom n’a  -apparemment- concouru et  on n’est pas allé en chercher. Geneviève Asse, par exemple, à qui  Beaubourg ouvre ses portes, aurait été magnifique dans un tel exercice.  Quant aux  «nouveaux » venus – depuis 20 ou 30 ans quand même ! -  sur les cimaises des galeries ou des musées (et pourquoi pas Murakami ?, Mathieu Mercier, Pascal Convert, Pierre et Gilles…) ils ne sont pas entrés en lice et n’ont pas été conviés,  semble t-il.  Quelle occasion manquée !

Patatras, badaboum, ploum, ploum… Nous voilà donc hélas chargés collectivement, nous et notre postérité, par une œuvre datée, déjà vieille, et qui devrait rester en place plusieurs siècles.  J’en suis navré. Et je ne suis pas sur que nos petits-enfants nous disent merci.

Jacques Bouzerand

Le beau bar de Mazarin





C’était un bar dans une maison un campagne du Val de Loire en France. Un simple bar un peu chic dans lequel on rangeait les bouteilles de l’apéritif et du digestif (il en subsiste des marques dans le fond du coffre). Et puis un beau jour, à l’occasion d’une succession, ce bar est remarqué par les Commissaires-priseurs chargés de le vendre, Philippe et Aymeric Rouillac.  C’est un coffre japonais de l’ère Edo (entre 1630 et 1640), de 1,44 m sur 63 cm, en laque or, argent et nacre sur fond noir. Plus techniquement : « décor au du dit du Genji et du dit des Frères Soga. Incrustations de nacre, hiramaki-e et takamaki-e d'or, d'argent. Incrustation d'or, d'argent et alliage shibuichi ».  
L’expert, bien avisé, fait des recherches et découvre qu’il s’agit en réalité d’un des quatre coffres ayant appartenu à Mazarin. Celui-ci a été acheté en 1658 par le Cardinal, premier ministre et parrain de Louis XIV. Ce meuble était resté dans la famille Mazarin jusqu'en 1802. Passé ensuite en Angleterre, après la Révolution française, il est exposé dans de grandes collections en Angleterre. On perd sa trace en 1941. Les Français en font l’acquisition outre-Manche dans les années 70. L’estimation est fixée 200 000 €… Le coffre a été vendu dimanche juin pour 7,311 millions d'euros, frais compris, lors de la 25e vente organisée par Mes Rouillac au château de Cheverny. C’est le Rijksmuseum d'Amsterdam qui se l’est vu adjuger.

dimanche 9 juin 2013

Les nouveaux vitraux de la Cathédrale de Cahors...







Quand il a été question, en France, de réaliser de nouveaux  vitraux, après la guerre  de 1939-45 ou après des siècles de délabrement, pour rafraîchir les grands monuments historiques que sont les églises et les cathédrales, les pouvoirs publics se sont efforcés au fil des ans de confier l’œuvre à des noms dont on était certain que l’histoire de l’art les porterait et les honorerait.  Ainsi des vitraux prestigieux ont  été imaginés par les plus grands  artistes vivants : Chagall à Reims et à Sarrebourg, Soulages à Conque, Garouste à Talant, Viallat à Aigues-Mortes,  Bazaine à Saint-Séverin, Manessier à Abbeville, Matisse à Vence, Cocteau à Metz…

À Cahors, pour la Cathédrale Saint-Étienne, bâtie à partir du  XI ème siècle sur l’emplacement d’une église du VI ème siècle, il s’agissait de remplacer des verrières transparentes, ou plutôt translucides, installées au XIX ème siècle. L’opération de sélection a été menée  par la  « Direction régionale (Toulouse, Midi-Pyrénées) des affaires culturelles », la Drac, qui dans son appel d’offre de 2010 soulignait « le caractère exceptionnel du bâtiment ». Une trentaine d’artistes, dit-on, ont concouru devant le jury composé – comment?, de qui ? - par la Drac, pour imaginer les onze verrières à rénover, soit 90 m2 de vitraux. Le choix d’un artiste s’est porté sur Gérard Collin-Thiébaut.,  un artiste de Franche Comté qui a travaillé, selon les dossiers,  « à partir d’emprunts iconographiques, des images de tableaux, de fresques ou encore de photographies qu’il a ensuite juxtaposées ou superposées ». Les nouveaux vitraux ont été inaugurés le samedi 8 juin par les autorités civiles et religieuses et sont visibles depuis par le public et les fidèles.

Je les ai vus et j’ai été tellement déçu par le spectacle désolant de facilité, de vulgarité même, que je ne puis écrire que mon désarroi. Dans le chœur de la Cathédrale les vitraux anciens sont, Dieu merci, toujours aussi magnifiques avec leurs rouges rutilants, leur bleus, leurs jaunes… , avec leur discours facile à interpréter sur les significations et les mystères de la foi. Et, à côté de ce chef-d’œuvre, que nous ont, sur près de cent mètres carrés, imposé l’artiste désigné et ses commanditaires ? Une suite d’images incohérentes, de tonalités lavasse, aux coloris affadies, découpées et recomposées comme à l’école primaire – section travail manuel-  selon une histoire que nul ne peut saisir car ces fragments recomposés mêlent des portraits ou des personnages d’époques et de styles différents, recopiées de modèles venus d’on ne sait quel livre en offset. Imaginez un découpage de photos disparates sorties des pages artistiques de quelques Paris-Match d’antan et défraîchis. 

C’est fade, oui, mais en plus c’est moche. Où est la ligne directrice ? le concept ( artiste conceptuel ? bigre) ? le beau ? On pouvait s’attendre à ce désastre. Car ici, la « création » qu’on espère d’un véritable artiste s’est bornée comme expliqué ci –dessus, à la juxtaposition de morceaux de photocopies d’autres propositions  d’autres artistes d’un passé plus ou moins lointain. La confrontation avec les lignes fermes de la Cathédrale, le sublime des vitraux venus du passé n’en est que plus dramatique. Les coloris des nouveaux vitraux  n’ont pour effet que de diminuer la luminosité du lieu sacré.


Sans vouloir être offensant, je ne suis pas certain pas que la notoriété de Gérard Collin-Thiébaut soit du calibre de celle des artistes qui précèdent. Certes, je sais que GCT a réalisé les vitraux du transept Nord de la  Cathédrale Saint-Gatien de Tours  et je crains qu’il n’emporte le concours lancé pour la Cathédrale de Lyon comme a dit le souhaiter Mgr Barbarin… Je sais qu’il a produit le Mémorial national de la Guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie au Quai Branly…, qui ne frappe pas les mémoires ; je sais qu’il a conçu, selon Wikipedia, des décorations pérennes pour le Musée international de la parfumerie, à Grasse ; pour le Mémorial de la Loi de 1901 sur la Liberté d’association à Plainoiseau ; une Tapisserie à la mémoire de Pasteur", pour la Préfecture de Lons-le-Saunier ; "Des Baigneuses pas très académiques" place de Bretagne, à Rennes, ; "Les signes du temps" pour la Médiathèque de Quimperlé ;  et d’autres  choses  pour la Bibliothèque Droit et Lettres de l’Université de Pau….

Ce Gérard Collin-Thiébaut, si bien achalandé de fournisseurs attitrés de commandes publiques ressemble plus à un artiste officiel qu’au génial créateur qu’on aurait souhaité pour un lieu tellement chargé d’histoire et de mémoire.

Le parti-pris général, j’imagine, a été de faire confiance à un artiste qui ne fonce pas dans l’aventure, qui n’aille pas vers l’abstrait. (Quelle horreur l’abstraction pour nos élites des administration !… )Avec ses images bien figuratives de Catéchismes, il pouvait séduire les religieux et même les profanes pressés… Et c’est ce qui est advenu. Le parti-pris de l’audace avait été écarté : aucun artiste de grand renom n’a  -apparemment- concouru et  on n’est pas allé en chercher. Geneviève Asse, par exemple, à qui  Beaubourg ouvre ses portes, aurait été magnifique dans un tel exercice.  Quant aux  «nouveaux » venus – depuis 20 ou 30 ans quand même ! -  sur les cimaises des galeries ou des musées (et pourquoi pas Murakami ?, Mathieu Mercier, Pascal Convert, Pierre et Gilles…) ils ne sont pas entrés en lice et n’ont pas été conviés,  semble t-il.  Quelle occasion manquée !

Patatras, badaboum, ploum, ploum… Nous voilà donc hélas chargés collectivement, nous et notre postérité, par une œuvre datée, déjà vieille, et qui devrait rester en place plusieurs siècles.  J’en suis navré. Et je ne suis pas sur que nos petits-enfants nous disent merci.

Jacques Bouzerand

lundi 3 juin 2013

Georges Mathieu ; Quelle cote aujourd'hui ?





Voilà, pour la maison de ventes Aguttes, le 14 juin, à Drouot-Richelieu, une belle vente de peintures qui comporte notamment une série de tableaux  de Georges Mathieu provenant de la collection personnelle de l’épouse du peintre, Adélaïde de Boisserée, décédée le 13 septembre 2004. Au cimetière de Passy, il avait fait orner la tombe de son épouse, d’une grande sculpture de sa composition.  Sur une plaque il avait fait indiquer: « épouse de Georges Mathieu d’Escaudoeuvres », et il avait fait graver ces mots, dans sa propre écriture : « Toi qui sacrifia ta vie pour mon art, Toi dont les ancêtres ont révélé l’art médiéval à tout un peuple, Toi qui rendit honneur à la France plus qu’à ton pays, Toi dont la fin de la vie fut un calvaire, Toi inconnue à qui le monde reconnaît la grandeur ».  Le peintre a disparu le 10 juin 2012 à Boulogne-Billancourt.

Les douze œuvres de la vente Aguttes sont diverses, plusieurs huiles sur toile comme: « Composition à fond blanc et à motifs rouge, noir, blanc et bleu turquoise » de 1960, 100 cm x 65cm, estimée de 70 à 80 € ; « Linosiris » de 1978, 92cm x 73cm, estimée de 30 à 40 000 € et des œuvres sur papier ou sur toile, plus petites et à des estimations de départ plus faibles, à partir de 1500 €.


En 2010, sur ce blog, j’écrivais ce qui suit :
« Pourquoi Georges Mathieu est-il, par les temps qui courent, si mal considéré  en tout cas coté si bas?  Ce peintre a eu, dans un passé encore récent,  tous les honneurs. Il a été considéré dès 1951 par André Malraux comme «  ' le ' calligraphe occidental » ( une qualification vaguement à côté de la plaque, mais tout de même… ). Gloire médiatique aussi: Paris Match lui consacre des reportages.  En 1963, il illustre une superbe campagne publicitaire d'Air France.  Dix ans plus tard,  une de ses créations est frappées au revers d'une pièce de 10 francs.  

Mais aujourd'hui, il n'a pas, n'a plus, comme on dit, la carte. Ni sur le marché, la grosse cote qu'il mérite. Il faut ainsi voir dans le dernier numéro de « La Gazette de l'hôtel Drouot » sa pourtant très  belle toile, « Nuit creuse ». Cette huile sur toile signée en bas à droite, de 
89 x 116 cm, peinte en 1981, provenant de la galerie Protée, présentée aux enchères le 13 février à Nice par Boisgirard Provence Côte d'Azur n'était estimée que de 80 à 100 000 €… Elle pourrait être négociée autour de 70 000 €… Relevée sur l'indispensable site « Artprice », la cote de Georges Mathieu, ces dernières années,  s'étage du plus haut au plus bas,  de 240 000 € pour une toile majeure de 2007, « Prédiction de Grégoire VII » de 1957 à 90 ou même 60 000 € pour des toiles moins connues ou plus récentes. Un autre tableau de Georges Mathieu, signalé par "La Gazette" du 19 février, ( belle image ), de 97 cm x 195, estimé de 140 à 160 000 €, "Oxum" de 1987, sera mis en vente le 27 février aux enchères à Cannes par la société de ventes André Appay-Nicolas Debussy.

      Quand on compare ces résultats avec ceux d'autres artistes de même talent, de même génie, de même nature on ne peut qu'être choqué par une si faible valorisation. Ainsi en novembre 2006, la toile « n°5 » de Jackson Pollock, peinte en 1948, a été vendue dans une transaction privée pour la somme de 140 millions de dollars et est devenue ainsi  des œuvres les plus chères de tous les temps. Qu'a donc fait Mathieu pour être si loin de compte ? Rien qui justifie une telle claque. Cet artiste a tracé sa voie de façon autonome, inventant une façon de peindre typiquement personnelle. Ses œuvres sont souvent magnifiques.

      À propos de la toile mise en vente, la critique d'art Caroline Legrand écrit dans « La Gazette de l'hôtel Drouot » :  « L'élaboration  de l'œuvre passe par la vitesse et le risque, mais insensiblement une structure se dégage, comme un message émergeant de la matière. L'expression profonde de la révolte de l'artiste »

         Cette critique d'art cite aussi des phrases d'explication du peintre : «  Le signe précède sa signification » comme il l'expliquait à propos d'oeuvres réalisées en 1960 ; « Je voulais un changement radical, un absence totale d'idéologique antérieure » précisait t-il en 1994.

      Né le 27 janvier 1921 à Boulogne-sur-Mer dans une famille de banquiers,  Georges Victor Mathieu d'Escaudœuvres, appelé  Georges Mathieu, s'oriente en 1942 vers la peinture après avoir fait des études de droit, de lettres et de philosophie. Au Salon des Réalités Nouvelles,  en 1947, il expose des toiles où la peinture jaillie du tube s'écrase sur la surface en y traçant des signes à la fois puissants et élégants. Mathieu peint debout des toiles placées verticalement. C'est de la peinture abstraite, qui ne représente pas quelque chose mais qui s'exprime par sa seule présence et sa seule vertu. ( Comme chez Jackson Pollock au États Unis qui pratique le dripping  dans les année 40  pour couvrir la toile posée au sol ) .  On parlera pour cette innovation de Georges Mathieu d' »abstraction lyrique ».  Mathieu accroche l'œil. Dans les années 1950, il expose aux États-Unis et au Japon.  Ses tableaux, il les peint parfois en un temps record au cours  de happenings ou de performances devant un public. En 1963, il est une des vedettes  de la rétrospective historique au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.  « Air France » lui  confère une vaste campagne publicitaire qui prend appui sur plusieurs de ses toiles. Il dessine  la pièce de 10 francs en bronze qui a circule dans toutes les poches  de 1974 à 1987.

      Du temps a passé. Mise à part une belle rétrospective au Musée du Jeu de Paume en 2002, Georges Mathieu n'est guère soutenu par nos institutions ou nos penseurs de l'art. C'est plus qu'une erreur une faute contre un artiste français majeur que l'Histoire de l'art reconnaîtra comme un grand et auquel elle accordera une belle place. »

Les résultats de la vente Aguttes diront si les œuvres de Georges Mathieu se rapprochent de la cote qu’elle devrait avoir aujourd’hui, quand à la mi-mai à New York, chez Christie’s « Number 19 », (1948) , de Jackson Pollock, un "dripping », estimé entre 25 millions et 35 millions de dollars, a été adjugé à 58,4 millions de dollars, record absolu de Pollock.

Jacques Bouzerand