"Grands et petits secrets du monde de l’art"
De Danièle Granet et Catherine Lamour
( Fayard, 2010 )
Il n’ y a rien de mieux que l’œil de Candide pour percer à jour les plus denses énigmes… Surtout quand sous le Candide apparent se cachent deux enquêtrices, et des plus perspicaces, comme Danièle Granet ( l’Express, Le Figaro, Le Nouvel économiste, Novapress ) et Catherine Lamour ( Le Monde, Canal + ). Deux journalistes qui ne s’en laissent pas conter et aiment aller jusqu’au bout de leur sujet. Et elles y vont ici aussi.
En abordant le continent obscur du marché de l’art international, les deux Sherlock Holmes en jupons, sont arrivées avec des idées simples. Du port franc de Genève aux espaces de Moganshan à Shanghai, de Soho à Chelsea, de Bâle à Miami…, elles se sont posé les questions que chacun se pose mais auxquelles par manque d’information personne ou presque ne répond jamais. Et voilà ces questions : « Comment fonctionne la machine à fabriquer de l’art ? Comment devient-on un artiste tendance ? Qui sont les maîtres du jeu ? » Et aussi, quelle assurance sur l’avenir pour les valeurs d’aujourd’hui ? Pourquoi les hyper-milliardaires sont-ils de la partie ? Et la crise dans tout ça ?... Dans leur exploration de deux années Danièle Granet et Catherine Lamour ont rencontré tous ceux qui comptent : les quelques figures majeures qui depuis les coulisses tirent les ficelles. Et elle ont beaucoup appris de leurs récits.
Dans leur exploration de deux années elles ont ainsi rencontré, navigant à l’estime de l’un à l’autre, les Princes du marché de l’art, les cartes maîtresses de ce Tarot. Elles décrivent les parcours saisissants de quelques uns qui ont débuté, il n’y a pas si longtemps, en simples amateurs inexpérimentés. Comme le Number one américain, c’est-à-dire mondial, Larry Gagosian, qui a débuté dans l’immobilier puis revendait des estampes en gagnant chaque fois quelques dollars. Ou bien Philippe Ségalot, un tout jeune et brillant HEC, déjà familier des galeries parisiennes avant d’entrer chez l’Oréal puis de travailler chez Christie’s et qui est devenu un des plus importants courtiers internationaux à New York…
Au fil de leur périple Danièle Granet et Catherine Lamour ont fait parler les acteurs principaux. Et on entend d’eux des formules capitales. Pierre Nahon qui fut l’un des pionniers à Paris avec son épouse Marianne, explique sa stratégie : « C’est facile, on achète les tableaux d’un artiste au début de sa carrière ou au début de la collaboration avec lui. On les montre, on en vend quelques uns, on en garde davantage. Les années passent, et si le marché a suivi nos choix, les œuvres accumulées prennent une valeur hors de proportion avec les sommes investies ». Pierre Huber révèle sobrement : « La vente d’art, c’est comme la banque, un métier de discrétion ». Quant à Lorenzo Rudolf, directeur « stratégie » d’ArtParis+Guets, il donne à voir l’avenir du marché : « Il existe une élite qui essaie par tous les moyens de rester « entre soi ». On peut l’assimiler aux clients de la haute couture. L’art contemporain est devenu un objet de lifestyle (…) Dans dix ans, le marché se sera considérablement élargi. Il proposera toute une gamme d’œuvres de qualité accessibles à une clientèle moins fortunée, qui veut, elle aussi, adopter le style de vie de l’élite d’aujourd’hui ».
Si l’on ne cite que ces quelques extraits, il ne faut pas croire qu’ été oubliés ces autres incontournables que sont le commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint-Cyr, les critiques Nicolas Bourriaud, Harry Bellet ( Le Monde ), Élisabeth Couturier ( Paris-Match), les galeristes Yvon Lambert, Anne de Villepoix, Bernard Zürcher, Virgil de Voldère, Jérôme et Emmanuelle de Noirmont… , les grands collectionneurs Saatchi, Pinault, Arnault…, des artistes aussi : Hyber, Lévêque, Desgrandchamp, Pencréac’h…, bref, cent autres personnalités qui composent un extraordinaire roman d’expériences vécues et significatives.
Dans leur analyse fouillée, enrichie d’anecdotes, d’exemples et de cotes, d’euros et de dollars, Danièle Granet et Catherine Lamour montrent très intelligemment comment – répondant aux lois de l’économie, aux subtilités du goût et au flair des marchands et des collectionneurs- ce marché se constitue et se développe à travers les réseaux, le marketing, la communication, la critique, la mode, le luxe, le goût de la création, l’appât de la spéculation, le secteur privé des maisons de vente, des galeries et le secteur public des institutions… C’est une galaxie toute d’interactivité qui, malgré ses travers, jette ses feux sur l’avenir. Car sa substance n’est rien moins que l’Art.
JB
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