La foire d’art contemporain ArtParis+Guests s’est terminée hier soir au Grand Palais. Elle a obtenu un franc succès tant du côté des visiteurs que du côté des marchands. C’est justice. Et c’est un bon signe de la vitalité du marché de l’art contemporain en France en 2010, malgré la crise, malgré la morosité du climat, ( et malgré sa faible amplitude sociologique )… Mais voilà encore plus frappant: cette foire, aujourd’hui dans sa 12ème édition, s’était déjà acquis une belle notoriété derrière la FIAC, or elle a su si bien se redonner des couleurs et un “style” qu’on a l’impression d’avoir affaire à une nouveauté. ArtParis+Guests avait cette année quelque chose de la FIAC d’il y a quinze ou vingt ans. Quelque chose de léger, d’enlevé, de sympathique… Bravo aux animateurs de l’exposition, Lorenzo Rudolf, Henri Jobbé-Duval, Caroline Clough-Lacoste.
Le renouveau d’ ArtParis+Guests repose pour beaucoup sur un concept apporté avec lui par Lorenzo Rudolf, venu offrir sa touche créative ( expérimentée à Art Basel, Art Basel Miami… ) au staff entrepreneurial constitué par Henri Jobbé-Duval ( ex-patron de la FIAC ) et Caroline Clough-Lacoste. Directeur stratégique et commissaire général de l’exposition, Lorenzo Rudolf, explique : « L’art n’agit jamais isolément des espaces culturels qui le constituent et l’alimentent. Le marché de l’art se différencie par la pluralité de ses acteurs et par leur interactivité. Le travail de nombre d’artistes se nourrit aussi de leur appartenance à tel ou tel champ créatif. Rappelons-nous la proposition architecturale de Philippe Rahm pour La Force de l’Art en 2009. De même, le marché de l’art doit rivaliser aujourd’hui d’inventivité, pour s’adapter à ces différentes typologies d’œuvres. »
Le dossier de presse explique : « Loin de se résumer à une seule succession de stands, cette nouvelle édition se différencie à travers plusieurs projets artistiques, spécialement conçus et
réalisés en rapport direct et très exclusif avec ses galeries participantes – elles sont 114 au total. En imaginant des mariages, des connexions, des surprises, ArtParis+ Guests associe les exposants qui le souhaitent à d’autres partenaires du marché de l’art ou d’autres acteurs de leur choix, provenant d’univers connexes : architecture, littérature, médias, cinéma, design, musique, gastronomie, etc.
« Grâce à ces invités spécifiques, institutionnels, et/ou privés, ArtParis+Guests ouvre les frontières de la création pour traduire les transversalités du milieu culturel, ainsi que celles du commerce de l’art mondialisé. » Tout une stratégie : Le salon a ainsi créé « 7 plateformes géographiques et culturelles sur lesquelles un continent et trois pays sont représentés : l’Afrique, la Finlande, l’Indonésie et l’Ukraine. Mais aussi Paris, capitale internationale de l’art avec ses galeries du Marais sur la plateforme Utopia/Dystopia et celles de la Rive Gauche qui recréent un « Appartement de collectionneur », ainsi que de jeunes galeries européennes spécialement regroupées dans un « cabinet de curiosités » d’un genre nouveau, intitulé Visions.
A cette stratégie ont contribué 46 nouveaux exposants, et 30 galeries associées à des « Guests » 17 pays/régions étaient représentés : Afrique Noire (plateforme), Allemagne (4), Autriche (1 galerie), Belgique (5), Chine (3), Etats-Unis (1), Finlande (8), France (77), Hongrie (1), Inde (1), Indonésie (plateforme), Italie (6), Luxembourg (3), Maroc (1), Monaco (1), Suisse (2), Ukraine (plateforme). Et bien sûr, les 7 plateformes.
Du coup, le salon incite à la curiosité de chacun et renouvelle à tout moment la créativité du spectateur lui-même qui participe à la fête. Car ArtParis + Guest est plus une fête qu’une foire. On y respire plus l’art que l’argent. Mais c’est aussi une foire qui, de surcroît, a commercialement très bien fonctionné.
En ce qui me concerne, j’ai bien aimé le travail de peinture lumineux de Norbert Bisky ( chez Daniel Templon ) ; les photos de Claude Closky, « To die » (chez Laurent Godin ) ; les toiles de Didier Chamizo ( chez AD de Béziers ), Wladyslaw Lopuszniak ( à la galerie Arnoux ), de Jonone ( chez Alexis Lartigue ), le show d’Aurèle ( chez Nathalie Gaillard ), les œuvres Jeanne Susplugas ( chez Vannessa Suchar ), de Veli-Matti Rannikko et d’H.C. Berg ( à la galerie Forsblom ), Laurent Impeduglia, ( à la galerie Bongoût ) de Gérard Rancinan ( chez Albert (Bob) Benamou )…. J’en passe beaucoup et d’excellentissimes.
En marge de la foire, l'intérêt des Français pour l'art contemporain a fait l’objet d’un sondage dot les résultats ont été publiés par Le Journal des Arts, Les Échos et Orange.fr . Le sondage avait été commandé par ArtParis+Guest à l'Institut BVA. L’étude a porté sur un millier de personnes. Qu’y apprend-on ? D’abord que le public est plus curieux d’art contemporain qu’on ne le soupçonne. 51 % des sondés s’affirment « curieux », et même « enthousiastes » (11 %), vis-à-vis de l'art contemporain. Hélas, 40 % ne franchissent jamais les portes d’un quelconque musée, près de 70 % n’entrent jamais dans une galerie d'art. Quant aux magazines d'art , aux émission de radio ou de télévision sur l'art près de la moitié s’en fichent comme de Colin-Tampon…. De là à acquérir une œuvre d’art contemporain il y a encore un pas que ne franchissent ( selon leur déclaration ) que 20 % d'entre eux. L'acheteur-type est le cadre de 50-64 ans à revenus élevés et vivant en région parisienne…. C’est dire… Les autres 80 % ne se voient pas un seul instant acheter une œuvre d’art contemporain… L’action pédagogique de foires comme ArtParis+Guest ou la FIAC est, on le comprend, nécessaire, si l’on veut que les Français en plus grand nombre s’approprient les joies sensibles et intellectuelles, les plaisirs du cœur et de la tête qu’apporte avec lui l’art contemporain dans toute sa diversité. C’est une leçon qu’on bien comprise avant nous les Allemands, les Belges, les Suisses etc. qui font de l’art contemporain une des matières d’étude à l’école.
JB
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