En matière politique, on peut aimer ou détester Dominique de Villepin. On peut le juger trop exalté ou trop cassant. On peut à l’inverse apprécier son sens de l’état ou sa fibre patriotique… Peu importe. Et Dieu merci, chacun est libre de son jugement de citoyen! Mais lorsque l’ancien Premier ministre écrit sur un artiste comme Zao Wou-Ki, on ne voit pas qui pourrait résister à son brio, à son talent, à la richesse de son interprétation d’une œuvre magistrale.
Dans un beau livre de 388 pages publié par Flammarion, Dominique de Villepin analyse « l’itinéraire Orient-Occident et retour » d’un des plus grands artistes contemporains. C’est le parcours d’un artiste, né en 1920, formé à l’école de l’Académie des beaux-arts de Hangzhou qui veut peindre autrement et part pour Paris à la recherche de Matisse et Picasso dont il a aperçu les œuvres révolutionnaires dans des revues américaines. Le voyage aller accompli, en 1948, il s’imprègne, dans la capitale, de leur mode de penser l’art, de leurs innovations. Mais il découvre aussi tout ce qu’ont apporté à la scène artistique Chagall, Modigliani, Cézanne. « C’est Cézanne, dit-il, qui m’aide à me retrouver peintre chinois ».
Dans le bouillonnement de ce Paris de l’après-guerre Zao Wou-Ki fréquente ses congénaires inventeurs d’espaces picturaux nouveaux : Jean-Paul Riopelle, Sam Francis, Pierre Soulages, Hans Hartung, Norman Bluhm, Nicolas de Stael, Maria-ElenaVieira da Silva… Paul Klee, mort en 1940, mais montré par le grand marchand d’art Karl Flinker, est pour Wou-Ki une autre puissante révélation, celle d’une liberté de la main et de l’esprit. Échappant à la figuration, Wou-Ki, va voler désormais de ses propres ailes. Il va inventer ses propres territoires, sa Grande Carabagne. Il s’envole vers ce pays de rêves qu’est selon la jolie formule de Dominique de Villepin, la « Zaowouquie ». « Toutes les toiles de Zao Wou-ki sont des paysages » dit Dominique de Villepin qui explique très justement la dimension poétique de son oeuvre : le peintre, dit-il, « ne raconte rien, il désigne. Il montre. De là naît sa profonde affinité avec les poètes, qui l’a accompagné toute sa vie. Leur dialogue se situe au niveau de l’être même» René Char, Henri Michaux seront ses compagnons, comme les musiciens Edgar Varèse ou Pierre Boulez.
Mais l’ancien premier ministre va encore plus loin dans l’ analyse de l’attractivité des tableaux de Zao Wou-Ki. Cette peinture selon lui « a partie lié avec la magie » . « Ses envoûtements, par tours et détours, nous enserrent ». Dans son cheminement personnel le peintre a su s’approprier toute l’histoire de l’art, celle qui vient du plus lointain des montagnes de la Chine et celle qui se crée avec lui et ses amis dans un Occident en plein Renaissance. Et il a su, aussi, se fabriquer les instruments et les espaces de sa propre expression nourrie de poésie . « Zao Wou-Ki appartient à un cercle d’ouvriers de l’esprit qui se sont donné pour tâche incroyable de sauver chaque jour le monde ».
Cette richesse interne, qui déborde sa modestie, Zao Wou-Ki l’a très bien exprimée en disant un jour à Dominique de Villepin : « Je compris peu à peu que ce que je peignais ressemblait à ce qui se passe en moi ». Ce peintre est un magnifique creuset.
J.B.
La peinture récente de Zao Wou-ki n a plus rien à voit avec les montagnes de Chine où d ailleurs et c chacun de nous peut s en apercevoir.
RépondreSupprimerde Villepin raccroche – je dois dire, avec talent- plaçant le peintre dans « la création des Dieux ».Un modèle pour cet homme politique aux cotés parfois exécrables.
Ab bourg artiste, à voir dans google
pardon pour la faute de frappe et lire: "n a plus rien à voir"
RépondreSupprimerMerci.