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Paris, France
Ce blog est celui de la conversation libre. Autour des arts, des livres, de la télévision ou de tout autre sujet de culture mais aussi - n'est-ce pas culturel ? - de la politique. C'est dire, simplement, que sur ce blog on parlera de tout. Je le nourrirai au rythme de mon inspiration, de mes rencontres, de mes visites, de mes lectures, de mes poussées d'admiration ou de colère aussi. Que chacun, ici, intervienne. Que l'on discute les uns avec les autres.. Voilà l'ambition de ce blog. Un mot encore sur le titre. "Mon oeil", c'est ce que je vois, mais c'est aussi, vieille expression, une façon de dire que l'on n'est pas dupe et que l'esprit critique reste le maître contre par exemple le "politiquement correct" et contre les idées reçues, de droite comme de gauche. ************************************************************************************* Pour les amateurs d'art, je signale cet autre blog, plus spécialisé sur l'art et les artistes, les expositions, les formes d'expression d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui: http://monoeilsurlart.blog4ever.com/blog/index-350977.html

mardi 10 juillet 2012

Ossip Zadkine... vu de très près.


Il arrive que l’on passe à côté d’un livre sans le remarquer et que des années plus tard on le retrouve sur sa route. C’est ainsi que je viens de découvrir un petit volume de la « Collection Pergamine » de « La Bibliothèque des Arts » ( Lausanne ) paru en 1995 et encore disponible chez l'éditeur. Il s’agit d’ « Avec Zadkine, souvenirs de notre vie » de Valentine Prax, l’épouse du grand sculpteur. J’avais eu le bonheur de déjeuner chez eux en 1957 aux Arques dans le Lot. J’y étais avec mon père qui venait photographier Zadkine et ses sculptures. Quant à moi je réalisais alors ma première interview d’un « maître » dont le texte était destiné au journal imprimé du Lycée Gambetta de Cahors, « L’Éclectique » ( et qui figure dans la bibliographie de Zadkine ). C’est dire que le livre, illustré de photographies et de dessins de Zadkine et de Valentine Prax, avait tout pour m’intriguer… Il m'a vraiment intéressé et je suggère sa lecture à tous ceux qui aiment l'art et son histoire humaine.

            Dans le récit que cette artiste peintre fait de sa rencontre avec Zadkine, j’ai retrouvé sa sensibilité, sa gentillesse naturelle et son amour passionné pour Ossip. Ce grand voyage d’une vie débute en 1918 à Bône en Algérie d’où Valentine est originaire. Un Russe, officier du tsar, se retrouve pour quelque semaines dans sa maison et lorsqu’il part pour Paris il lui confie comme un trésor le sabre que lui avait offert Nicolas II. Valentine qui étudie le dessin et la peinture aux Beaux Arts d’Alger a 21 ans. Elle rêve d’aller voir se qui se passe dans la capitale. Et d’aller y tenter sa chance d’artiste. Elle est seule dans la métropole où elle ne connaît que « son Russe ». Celui-ci ne lui offre pas de l’épouser –ils sont trop pauvres- mais lui indique un atelier, proche de Montparnasse, rue Rousselet. Il lui signale aussi qu’au deuxième étage vit un sculpteur. Un jour elle prend son courage à deux mains et frappe à la porte de l’atelier : Ossip Zadkine la fait entrer.

         Déjà intransigeant, il n’encourage pas Valentine à poursuivre sa carrière artistique mais il la trouve sympathique et lui fait vite rencontrer, à la Rotonde, sa bande de copains : Soutine, Modigliani, Ehrenbourg, Foujita, Henry Miller… Zadkine parfois s’éclipse pour Bruniquel,  dans le Tarn-et-Garonne. À son retour il montre ses dessins et ses gouaches à Valentine. Elle lui montre les siens et, miracle, entend : « Je me suis peut être trompé sur ton compte. Tu as du talent. Fuis les écoles ». Un jour, de Bruniquel où il est reparti travailler, Zadkine envoie un télégramme à Valentine : « Viens. Parlerons mariage ». Nous sommes en 1920. Ossip a trente ans. Valentine 23. Ils se marient à Caylus.
        
         Ils travaillent, commencent à être reconnus. Des galeries s’intéressent à eux. Ils emménagent rue d’Assas. Ils voyagent. En Grèce, au Japon. Vers 1935, ils achètent une grange aux Arques dans le Lot, où ils posent définitivement leurs valises. Zadkine, assure Valentine, apprécie «  les arbres, la forêt, les collines la solitude et en particulier le pays de Quercy ». « Plus que moi encore, il vouait une admiration sans borne envers la perfection des éléments du monde végétal : forme d’une feuille, ligne d’une branche, dessin d’une nervure, galbe d’une racine, puissance d’un tronc. Il regardait et touchait avec ferveur… »

           La guerre, hélas, va rompre cette belle harmonie. Zadkine qui est juif réussit à partir pour les États-Unis ( où il a déjà exposé avec succès ) alors que son épouse reste en France. Longue époque de douleurs et de discordes à travers l’Océan…  Mais Zadkine, « malade, malheureux, sans argent », finit par revenir au bercail. De la rue d’Assas aux Arques, d’expositions en inaugurations de monuments, à Amsterdam, à Rotterdam, au Canada, aux Etats-Unis, au Japon, à Auvers-sur-Oise… le couple reformé mène dès lors une vie d’artistes à la renommée internationale. Zadkine meurt à Paris le 25 novembre 1967.

             Valentine Prax lui survit. Elle se lance alors dans la création, du musée Zadkine au 100 rue d’Assas où ils ont vécu et travaillé depuis 1928. Le fonds est constitué de plus de 300 œuvres. Quand elle meurt, en 1981, Valentine Prax lègue tous ses biens au musée.

JB.


 Illustration: Ossip Zadkine dans son atelier des Arques avec sa "Pieta". ( 1957 ) Photographie Léon Bouzerand.

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