On a tous appris à l’école ( enfin presque tous les plus vénérables d’entre nous ) ce qu’était la grande affaire du Jansénisme. Port Royal, Pascal, le Grand Arnaud, « Les Provinciales »… Cette affaire a imprégné les XVII et XVIIIème siècles religieux et politiques. Un courant hyper rigoureux, "intégriste", du catholicisme gagnait du terrain et convertissait les esprits quand il fut interdit par la Papauté, réprimé par Louis XIV et Louis XV. Dans les marges de cette déviance de la religion ( et de sa répression ) s’est développé en France et notamment à Paris, autour de l’église de Saint-Médard, au bas de la rue Mouffetard, un mouvement paroxystique, celui des convulsionnaires.
Saut en arrière : Louis de Nivelle, « Secrétaire du Roy, audiencier en la chancellerie du Palais » est sous Louis XV un libre-penseur. Cet « athée discret et convaincu, qui pratiquait juste ce qu’il fallait pour ne pas choquer son entourage » avait fait des « Lettres philosophiques » de Voltaire son livre de chevet. Or peu à peu, cet homme froid et raisonnable devient un fanatique admirateur des Convulsionnaires de Saint-Médard, devenus une sorte de secte sado-masochiste. C’est ainsi que Sabine Bourgey décrit le cadre et le personnage principal de son roman, « Le trésor de la rue Mouffetard » (éditions Bourgey).
Son récit, bien conduit et fertile en rebondissements, une sorte de roman policier, sensuel et étrange, se déroule au cœur de l’affaire des « Convulsionnaires de Saint Médard ». Mais voilà que cette histoire a eu des prolongements au XXème siècle car en 1938, des terrassiers italiens, abattant un mur au 51-53 de cette rue, on retrouvé enroulés dans un testament sur parchemin faisant de la fille de Louis Nivelle son héritière quelque 3555 louis ( d’époque Louis XV ). Les généalogistes à force de recherches et de recoupements ont découvert les 83 descendants de cette jeune femme, Anne-Louis-Claude Nivelle, décédée, la malheureuse, sans avoir pris connaissance de sa bonne fortune. L’écuyer, conseiller, secrétaire du roi, audiencier en la chancellerie du Palais, ( qui habitait officiellement rue de la Coutellerie ) mort le 10 septembre 1757 avait en effet caché son trésor dans une cache de son logement secret, sa "garçonnière", de la rue Mouffetard.
Étienne Bourgey, numismate, fut chargé de l’expertise du trésor. Il organisa une première vente en 1939 des louis qui n'étaient pas entrés dans la répartition car ils se trouvaient hors du paquet façonné par Louis de Nivelle. Puis, après règlement juridique du partage, la suite fut confiée à son fils, Émile avec les offices de Me Maurice Rheims, commissaire-priseur. Dans les années plus récentes, Sabine Bourgey, numismate se chargea de la vente des pièces que venaient lui confier des « héritiers Mouffetard ». Ce qui explique sa bonne connaissance du dossier et pourquoi son imagination, surfant sur l'histoire, a fait naître ce roman.
JB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire