Pourquoi
depuis qu’ils vivent en société les hommes ( et les femmes ) ont-ils décidé de
couvrir les parois ou les murs qui les entourent d’images ou de signes
mystérieux ? Pourquoi ? C’est
en tout cas ainsi d’Altamira à la
Chapelle Sixtine, de Pech-Merle aux murs de la Sorbonne en 1968 et au Mur de
Berlin (jusqu’en 1989). Partout, en tous lieux, la muraille, la cloison, le
panneau sert de support aux icones des civilisations qui passent. Ce n’est pas
un hasard si notre siècle en surfant sur ces modèles et en les démultipliant a
donné vie à une des formes d’art les plus inventives et vivaces : le
street art.
Peut
être, parce que les civilisations se savent mortelles, veulent-elles laisser
sur la coquille de leurs habitacles les traces de leurs rêves, de leurs
cauchemars, de leurs passades ou de
leurs aspirations. Le bison, le cheval,
le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les Lüftimalereien, ces trompe l’oeiI
sur le Mur ouvrant l’espace à la liberté… tout fait toujours sens sur les murs et
appelle à la réflexion…
En
associant dans sa pratique artistique le
souci de plus en plus contemporain de la préservation, du sauvetage de
la Planète et la soif généralisée d’évasion vers des paradis artificiels, Konny
Steding s’est fait une belle réputation internationale. Du Mur de Berlin à la
Rockefeller University, puis à Cologne, à Berlin, à Paris, ) New-York, à
Londres, à Toronto…, Konny
Steding , née à Stuttgart, a en effet ponctué ses séjours de performances
et d’affichages remarqués. Double jeu.
Double je. Ses performances tournent
autour de la notion de déchet, de gâchis, de destruction, de pollution… Dans
les couloirs des métros, dans les galeries, sur les trottoirs des villes, cette
« activiste urbaine » fait de la poubelle l’alpha et l’omega de la
société. C’est, pour elle, le symbole à la fois honni et adulé de la
consommation poussée jusqu’à ses extrêmes et, qui sait, jusqu’à la perte de la
civilisation. Mais, les interventions de Konny Steding ont aussi, à côté, en
même temps, en outre, des aspects plus
intrinsèquement artistiques et surtout moins fugaces. À grands traits sur de
vastes surfaces, Konny Steding peint des
portraits de vedettes de la culture
punk, dont le plus mythique Sid Vicious ( 1957-1979), le chanteur des Sex
Pistols… Ces portraits -et aussi, sans doute, le sien -qu’elle réalise le plus
souvent sur de grandes toiles ou des affiches avant de les coller sur les murs
des capitales qu‘elle traverse constituent un extravagant capital de visions
contemporaines, avec leurs coulures, leurs graffitis surajoutés, leurs larmes
ce sang de peinture… Ces images construisent la vaste exposition que consacre à
Konny Steding « la galerie Moretti & Moretti » ( Cour Bérard dans l’impasse Guéménée près de la Bastille) . Cette galerie, ouverte
en 2008, donne une grande place aux jeunes artistes du street art,
persuadée, non sans raison, que c’est là que se nichent les valeurs de demain.
JB.
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