Ce 9 juin, Laurence Piquet nous invite à passer « Un soir avec… les peintres de la Côte d’Azur ». C’est de saison et c’est charmant. Charmeur et plaisant. Cette balade au soleil nous conduit d’abord à la modeste maison de Pierre Bonnard, au Cannet, « une maison de facteur à la retraite » comme disait un de ses confrères, où le peintre a fait exploser les couleurs en exprimant les paysages qui l’entourent. Halte paisible… La fête continue à Saint-Tropez avec Dany Lartigue, ( fils du grand photographe Jacques-Henri Lartigue ) qui a fréquenté les artistes que le Musée de l’Annonciade accroche à ses murs. Bonnard, Signac qui a vécu 20 années non loin de « Chez Sénéquier », Matisse qui y est venu en 1904 avant de partir pour Nice, puis Vence. Suivons...
C’est là, à Vence, que le maître de la ligne et des couleurs peint sa « Chapelle du Rosaire » avec son Saint-Dominique en pied et ses vitraux si lumineux. De là, détour par Saint-Paul de Vence où son amie Colette célèbre Chagall, son coq qui est le renouveau, son couple : l’amour et son bouc : l’artiste. La Fondation Maeght s’impose comme carrefour et lieu de mémoire : Léger, Picasso, Miro, Matisse… Aimé, le père et, bien présent, Adrien le fils Maeght. Et la « Colombe d’or », où tant de maîtres de l’art ont goûté aux plaisirs de la bonne chère voluptueuse et dont les murs témoignent de ces rencontres.
Nous voilà à Nice chez le couturier Sapone dont s’enticha Picasso auquel le maître coupeur fit de si rigolos pantalons écossais... Nous y voilà avec Verdet et Villers le photographe des moments joyeux. Puis Antibes et Vallauris où une frénésie potière s’empara de Picasso qui pouvait y créer chaque jour de 100 à 150 plats décorés, toujours différents, toujours au plus vif du génie… À Vallauris, « la Chapelle de la Guerre et de la Paix » rappelle que Picasso aimait à figurer le combat du Bien et du Mal, comme il l’a fait sur cette immense peinture qui couvre les murs, cette chapelle où veille l’éternelle colombe ( qui dessine sur un fond blanc où est évoqué sous un brouillard le visage de Françoise ), annonciatrice des journées ensoleillées et des joies familiales.
À Vallauris, on a fêté jadis les 80 ans de Picasso. C'était en 1961... Cocteau ( qui entre tous les critiques, tous les analystes, tous les conservateurs de musées est l’homme qui a le mieux compris le génie de Picasso ) était là et Francine Weisweiler. En voisins, en amis... À Santo Sospir, Cocteau était venu pour une semaine, il y est resté sept ans en hôte choyé. De la villa, il a tatoué tous les murs. Carole, la fille de Francine nous fait visiter. Cocteau revit : Apollon, les pêcheurs de Villefranche, les années 50 et Orphée 1, le poète, Orphée 2, le yacht de Francine…
Le temps a passé… Créateur d’aujourd’hui Bernar Venet, à Nice, a connu César, Ben, Arman… Il a fait du chemin avec eux, à côté d’eux avant de devenir à New York, au Muy le grand manitou des lignes droites, des arcs, des courbes, des lignes indéterminées… Celles qui trônent en ce moment à Versailles. Nous le suivons dans sa propriété, « Le Moulin des Serres », aux lignes épurées avant de sauter, d’un saut de puce, chez Ben sur les hauts de Nice. Là, c’est tout au contraire, selon Laurence Piquet , « le Bazar ». « Le « Baz Art ? , corrige Ben, Art je veux bien, mais pas Baz... » Et de se lancer dans un explication de l’art selon laquelle « Il n’y a pas d’art sans ego »… Dans le jardin exubérant , un tableau signé Ben annonce : « La Vie déborde »… Dans le film de Catherine Aventurier coécrit avec Nathalie Bourdon, sur une enquête d’Erwan Luce, la vie déborde aussi, la vie de l’art, pour notre bon plaisir…
jb
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