Autant j'ai apprécié hier soir, mercredi, le panel des invités de " L'objet du scandale" de Guillaume Durand sur France 2, autant j'ai été choqué par la grossièreté ambiante. Celle de Mélenchon d'abord, qui n'est même plus à commenter tant elle est la seconde nature de ce personnage tonitruant et nimportequoiiste. Ce sénateur, élu pour la première fois en 1986 dans la 2ème chambre, avait commencé sa carrière professionnelle comme professeur de l'enseignement technique, muni d'un simple Capes de Lettres modernes et d'une maîtrise de philosophie.
La cervelle broutée dès 1968 dans son lycée de Lons-le-Saulnier par le démon de la politique, Mélenchon suit le parcours ambitieux de ceux qui vont à la soupe: Unef-Trotskysme-Lambertisme-PS. Il se fait remarquer en 1997 en affrontant le seul candidat à la direction du parti, François Hollande. Lionel Jospin qui connaît bien le trotskysme, le prend comme sous-ministre à la formation professionnelle en 2000... On aurait pu croire que ça l'aurait calmé... Pas du tout. Il quitte le PS et s'allie avec la gauche de la gauche et même le spectre moribond du Parti communiste pour lancer le Front de Gauche. Ce qui donne des ailes à sa langue de bois et des fusées porteuses à ses idées toute faites pour détruire le capitalisme. Lider massimo des relégués du suffrage universel, il s'y voit comme le futur président de la République française...
Ce personnage de comédie bien française au verbe facile et à la langue bien verte ne supporte pas la contradiction - facile à vrai dire pour ceux qui écoutent ses propos à l'emporte-pièce. Habitué des meetings où il fait applaudir ses élucubrations, il n'aime pas la riposte de ceux qui connaissent les dossiers. Comme il ne peut se réfugier dans le raisonnement;, il attaque et il dérape... dans le grossier. Faisant flèche de toute mauvaise foi contre ceux qui font mine de lui résister
Le second débat de l'émission tournait autour d'un chercheur, Michèle Tribalat, démographe à l'Institut national d'études démographique, l'INED, qui a l'audace sde faire son métier et de publier des livres qui font réfléchir, comme le dernier: ''Les yeux grands-fermés : l'immigration en France'', Paris, Denoël, mars 2010. ISBN|978-2-207-26177-4. Celui-ci avait été précédé d'autres livre savants et denses: ''Cent ans d'immigration, étrangers d'hier, Français d'aujourd'hui. Apport démographique, dynamique familiale et économique de l'immigration étrangère'', Paris, Presses universitaires de France, Institut national d'études démographiques, 1991. ISBN|2-7332-0131-X; ''Faire France : une grande enquête sur les immigrés et leurs enfants'', préface de Marceau Long, Paris, La Découverte, 1995. ISBN|2-7071-2449-4; ''De l'immigration à l'assimilation : enquête sur les populations d'origine étrangère en France'', écrit avec Patrick Simon (socio-démographe) et Benoît Riandey, Paris, La Découverte, 1996. ISBN|2-7071-2543-1; "Dreux, voyage au cœur du malaise français'', Paris, Syros, 1999. ISBN|2-84146-707-4; ''Face au Front national : arguments pour une contre-offensive'', * écrit avec Pierre-André Taguieff, Paris, La Découverte, 1998. ISBN|2-7071-2877-5 ; ''La République et l'islam : entre crainte et aveuglement'', écrit avec Jeanne-Hélène Kaltenbach,Paris, Gallimard, 2002. ISBN|2-07-076247-5. Sans compter les articles dans les publications scientifiques.
Autant dire que Michèle Tribalat n'est pas une politicienne engagée, une idéologue extrémiste, une folle de théories racistes..., non, c'est une scientifique qui étudie et analyse les données de la population, une sociologue sérieuse. Or, pour faire face à cette super diplômée qui a le front de révéler sur l'immigration quelques chiffres soigneusement cachés par la bien-pensance de gauche et de droite, Guillaume Durand avait installé deux aboyeurs: le psychanalyste Gérard Milller et le journaliste Frédéric Bonnaud.
Nourri dans le sérail de l'anti-colonialisme à tous crins, Frédéric Bonnaud s'est fait une spécialité médiatique dans le "politiquement correct" asséné tout comme Gérard Miller dans l'agression illogique mais systématiquement pro-lumpen. Ni l'un, ni l'autre bien sûr ne connaissent le sujet - ces bavards impudents traitent de tout, toujours - mais ils se défoulent - et nous saoulent-en bombardant de questions la malheureuse démographe. En quelques mots puisés dans ses connaissances bardées Michèle Tribalat n'en réussit pas moins à renvoyer les roquets vers leur niche et les gens qui veulent savoir vers ses livres. Bien joué !
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